«On encourage à maintenir la pression», assure le président de la FNSEA Arnaud Rousseau au micro d’Europe 1 ce lundi 19 février. A la veille d’une rencontre à l’Elysée mardi, et à quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture samedi 24 février à Paris, les agriculteurs bouillonnent toujours de revendications et de colère. Ce lundi, à l’appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur, une cinquantaine de tracteurs ont convergé vers le centre de Marseille. Un rassemblement était prévu à 10 heures devant le Mucem, avant que les agriculteurs ne se dirigent vers la préfecture, où ils entendaient être reçus après avoir déversé du fumier devant les batiments administratifs. Pour les deux organisations appelant à la mobilisation, «les annonces faites par le Premier ministre ont du mal à se concrétiser en région».
D’autres actions pourraient se faire jour ailleurs en France cette semaine. Près de Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, des agriculteurs ont ainsi prévu de se mobiliser «tous les jours de la semaine» jusqu’au début du Salon de l’agriculture, selon BFMTV. Une vingtaine de tracteurs bloquaient dimanche soir le quai de réception des livraisons du supermarché Leclerc d’Orleix, en périphérie de la ville préfecture. Dans la Marne, des membres des JA ont déversé du fumier, des roues et des palettes devant la préfecture à Chalons-en Champagne, mais aussi devant les sous-préfectures de Reims, de Vitry-le-François et d’Epernay, ont-ils indiqué. A Dunkerque, une cinquantaine de tracteurs ont mené une opération escargot lundi matin.
50 tracteurs réunis sur un parking aux Milles avant de prendre la route vers Marseille.
— France Bleu Provence (@bleuprovence) February 19, 2024
Vous circulez aussi au ralenti sur la route D6#Agriculteursencolere
🚗Info route en direct sur @bleuprovence 📻103.6 pic.twitter.com/KREHQ9vmNv
«Que personne ne pense que, parce que les tracteurs sont rentrés, les choses sont réglées», mettait déjà en garde la semaine dernière Arnaud Rousseau. Le patron de la FNSEA sera reçu par Emmanuel Macron mardi après-midi, avec son homologue des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot. Et il l’assure, la «qualité» de la visite du chef de l’Etat au Salon de l’agriculture, qui a lieu traditionnellement le premier samedi, «en dépendra». «L’attente est très forte donc ce ne sera pas un salon comme les autres. C’est un salon où le président de la République devra d’abord dire ce qu’il entend faire, entendre aussi l’agacement. Personne n’imagine qu’il puisse, comme tous les ans, défiler dans les allées sans avoir eu un propos fort, clair et être à l’écoute du monde agricole. Il y a des revendications», a précisé le responsable agricole ce lundi.
Les organisateurs de l’événement, eux, espèrent tout de même que cette 60e édition sera une «belle fête», épargnée par les manifestations. Le rendez-vous annuel attend autour de 600 000 visiteurs en neuf jours, au parc des expositions Porte de Versailles.
Afin de déminer les contestations, Gabriel Attal tiendra une conférence de presse mercredi sur la crise agricole, pour évoquer notamment la réécriture du projet de loi suspendu au début de la crise, ainsi que le suivi et l’exécution des mesures déjà annoncées.
La FNSEA et les Jeunes agriculteurs réclament du concret
Après dix jours de crise agricole marquée par des blocages d’autoroutes, des déversements de fumier et même l’incendie d’un bâtiment de la Mutualité sociale agricole à Narbonne, l’organisme qui collecte les charges sociales des agriculteurs et reverse des prestations, l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs continue de se mobiliser.
Si elle a appelé le 1er février à lever les blocages, à la suite d’annonces gouvernementales allant du versement d’aides d’urgence à des décrets de simplification en passant par une «pause» sur le plan de réduction des pesticides Ecophyto, la FNSEA attend de constater les premiers résultats des mesures annoncées contre ce qu’elle considère comme des freins à la production (interdiction de pesticides, concurrence déloyale, surabondance de normes et de paperasserie, etc.)
A lire aussi
Or, selon les syndicats mobilisés ce jour à Marseille, «les annonces faites par le Premier ministre ont du mal à se concrétiser en région», les services de l’État faisant même preuve selon les syndicats agricoles «d’inertie et de mauvaise grâce pour mettre en œuvre les mesures de simplification et de contrôles tant attendues par les exploitations», rapporte France Bleu.
«Le salon des grands-mères, des poussettes, des familles»
Dans ce contexte, la sécurité du Salon de l’agriculture sera portée «au maximum», a assuré jeudi sur BFMTV Arnaud Lemoine, le directeur du Ceneca, l’organisation propriétaire de l’événement. «Évidemment, c’est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications […] et les manifestations. Mais les manifestations, [c’est] pas au salon», a-t-il plaidé. «Le salon doit rester malgré tout une belle fête», a-t-il insisté, soulignant que «c’est aussi le salon des grands-mères, des poussettes, des familles. Et donc on se doit de les accueillir convenablement, normalement». Cet ancien directeur de la communication de la FNSEA formule l’espoir «que le gouvernement répondra aux attentes des agriculteurs afin qu’on ait le meilleur salon possible».
Avant les élections européennes en juin, les responsables politiques devraient défiler devant Oreillette, la vache égérie du salon, une Normande de cinq ans, élevée dans l’Orne par François Foucault et sa fille Lucie. Son lait, précisent les organisateurs, permet de produire en moyenne 10,5 camemberts par jour. L’événement reste un haut lieu de la célébration du terroir.
A lire aussi
En attendant, le gouvernement multiplie les marques d’attention envers le monde agricole. Le président Macron a reçu trois syndicats la semaine dernière (Confédération paysanne, Coordination rurale et Modef). Quant au Premier ministre Gabriel Attal, il a reçu une nouvelle fois les présidents de la FNSEA et des JA, avant de se rendre jeudi auprès d’éleveurs de la Marne. «Reconnaissons aussi qu’il y a des sujets qui sont du temps long», a déclaré dimanche le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, venu sur France Inter défendre la réponse de l’exécutif tout en admettant que la «sérénité» ne serait «pas forcément» au rendez-vous du salon.
Mis à jour : à 16 h 00 avec l’annonce de la conférence de presse de Gabriel Attal mercredi sur la crise agricole
Mis à jour : à 19 h 00 avec les détails de la mobilisation de ce lundi.