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Agriculture

Mégabassines dans le marais poitevin : la justice réduit les volumes d’irrigation autorisés

Les prélèvements autorisés pour l’usage agricole jusqu’en 2026, jugés trop importants notamment en raison de la création des réserves de substitution, ont été retoqués par la justice. Une décision qui intervient à une semaine d’une importante mobilisation d’opposants à ces retenues.
A La Rochenard (Deux-Sèvres), le 26 mars 2022, lors d'une manifestation contre les mégabassines. (Maylis Rolland/Hans Lucas via AFP)
par LIBERATION, avec AFP
publié le 9 juillet 2024 à 18h10

Les prélèvements d’eau autorisés pour l’irrigation agricole dans le Marais poitevin jusqu’en 2026, jugés trop importants, notamment en raison de la création de mégabassines, ont été retoqués ce mardi 9 juillet par le tribunal administratif de Poitiers qui les a réduits d’un quart à titre provisoire.

«Le tribunal et la cour ont notamment considéré que les volumes autorisés étaient excessifs», écrit le tribunal administratif dans un communiqué. La justice a également estimé que l’autorisation unique pluriannuelle de prélèvement (AUPP), délivrée en novembre 2021 et ainsi annulée, «avait pour conséquence, du fait de la création de réserves de substitution (dites aussi «mégabassines»), une augmentation nette des prélèvements annuels, alors que les nouveaux prélèvements hivernaux servant au remplissage de ces réserves doivent normalement être compensés par une diminution des prélèvements estivaux».

«Autorisation de prélèvement provisoire»

Ces réserves destinées à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été, sont très controversées. Leurs partisans y voient une assurance-récolte indispensable à la survie des exploitants face aux sécheresses à répétition ; les détracteurs de ces mégabassines dénoncent un «accaparement» de l’eau par l’agroindustrie.

Le tribunal a toutefois «délivré à l’Etablissement public du Marais poitevin [EPMP] une autorisation de prélèvement provisoire, jusqu’à ce que les préfets lui délivrent une nouvelle autorisation», «afin de permettre la poursuite de l’irrigation dans des proportions raisonnables». Le volume total annuel de cette autorisation provisoire est de 67,6 millions de m3, contre 87 millions de m3 dans l’AUPP de novembre 2021.

Mobilisation d’opposants la semaine prochaine

Saisi par la même association de Charente-Maritime, Nature Environnement 17, le tribunal avait déjà annulé il y a cinq ans, pour les mêmes raisons, la précédente AUPP, qui courait jusqu’en 2021. Cette autorisation est délivrée par les préfectures de Vendée, Deux-Sèvres, Charente-Maritime et Vienne à l’EPMP, chargé de répartir l’eau entre les irrigants du territoire, y compris ceux raccordés – ou voués à l’être – à des bassines.

Cette décision du tribunal administratif intervient à une semaine d’une importante mobilisation d’opposants à ces retenues, du 16 au 21 juillet. Un «village de l’eau» sera installé à Melle (Deux-Sèvres), près de la bassine de Sainte-Soline où les forces de l’ordre avaient violemment réprimé, fin mars 2023, un rassemblement interdit par la préfecture, faisant des dizaines de blessés.