Il n’y aura plus de doute sur la provenance du miel tartiné au petit-déj. L’UE a trouvé un accord pour rendre obligatoire sur les étiquettes des pots le détail des pays où il a été récolté. L’accord conclu dans la nuit de mardi à ce mercredi 31 janvier par les Etats membres et représentants du Parlement européen fixe plus largement de nouvelles règles pour la dénomination et l’étiquetage de «denrées du petit-déjeuner» (miel, jus de fruits, confitures…) en vue de mieux informer les consommateurs.
Le cas du miel est particulièrement critique : une enquête de la Commission européenne publiée en mars 2023 montrait que sur 320 échantillons de miels importés dans l’UE et récemment contrôlés, environ 46 % étaient fortement suspectés de déroger aux règles de l’UE, notamment via l’ajout de sirops de sucre destinés à faire chuter le coût de revient. En France où l’on en consomme 45 000 tonnes par an, la dernière étude accessible de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de 2015 faisait état de 42 % des miels coupés au sirop de sucre, colorés ou parfumés. Se pose aussi la question de la transparence sur la provenance : le week-end dernier, les réseaux sociaux s’enflammaient après qu’une cargaison de barils ukrainiens à destination du leader du marché français a été photographiée par des agriculteurs qui organisaient un blocage dans le sud du pays.
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Quelque 74 % des miels originaires de Chine étaient également jugés suspects par la Commission européenne, comme la quasi-totalité des miels importés de Turquie et la totalité de ceux venus du Royaume-Uni, où ils étaient assemblés à partir de diverses origines. Pour y remédier, la nouvelle législation impose de faire figurer sur les étiquettes la mention détaillée du ou des pays d’origine, et non plus l’unique mention «produit dans l’UE» ou «hors UE» comme actuellement.
Les quatre principaux pays d’origine devront être détaillés
«Les pourcentages (dans la composition) devront être indiqués pour au moins les quatre principaux pays d’origine», et si ces quatre pays ne représentent pas plus de la moitié du produit, précise le Parlement. La Commission sera tenue de proposer «un code d’identification unique» permettant de retracer le miel jusqu’aux apiculteurs, et une plate-forme européenne sera établie pour collecter des données, améliorer les contrôles et renforcer la traçabilité.
«C’est un grand jour pour un étiquetage plus transparent. Ces dispositions informeront mieux les consommateurs, qui seront mieux protégés contre le miel frelaté, et les apiculteurs seront défendus» face à une concurrence déloyale, a réagi l’eurodéputé autrichien Alexander Bernhuber (PPE, droite), rapporteur du texte.
Pour les jus de fruits, confitures ou purées de marrons, Bruxelles devra évaluer d’ici trois ans la nécessité ou non d’imposer une obligation de transparence similaire pour les pays d’origine des fruits. En revanche, le texte clarifie d’ores et déjà les informations sur la teneur en sucre des jus de fruits, avec des mentions «contient uniquement des sucres d’origine naturelle» ou «à teneur réduite en sucres» (si au moins 30 % des sucres naturels ont été éliminés).
Il faudra par ailleurs impérativement utiliser «au moins 450 grammes de fruits pour produire 1 kilo de confiture ou de marmelade». Eurodéputés et Etats doivent encore donner un ultime feu vert formel avant l’entrée en vigueur de la législation.