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Mobilisation des agriculteurs : le projet de loi sur l’agriculture reporté de «quelques semaines»

Les agriculteurs en colèredossier
Alors que Gabriel Attal doit rencontrer des représentants de la FNSEA lundi 22 janvier, Marc Fesneau a annoncé ce dimanche reporter la présentation du projet de loi sur l’agriculture.
A Carbone, vendredi. (Matthieu Rondel/Hans Lucas pour Libération)
publié le 21 janvier 2024 à 9h41
(mis à jour le 21 janvier 2024 à 16h10)

Une autoroute bloquée depuis deux jours et un gouvernement qui redoute l’embrasement du monde agricole… Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, dans une longue interview dans le JDD ce dimanche 21 janvier, et Gabriel Attal, la veille en déplacement, tentent d’éteindre l’incendie social. Dans l’après-midi, Marc Fesneau annonce par ailleurs reporter la présentation du projet loi sur l’agriculture, pourtant prévue mercredi 24 janvier. Hausse des coûts des matières premières, interdiction de pesticides autorisés ailleurs, sentiment d’être écrasés par des normes, concurrence des produits ukrainiens, indemnisation des crises sanitaires… Les motifs de colère à l’adresse du gouvernement et de l’Union européenne sont multiples.

L’agriculture est «un sujet absolument majeur […] que je prends très au sérieux», a affirmé le nouveau chef du gouvernement, lors d’un échange samedi avec des Français organisés à Saint-Laurent-d’Agny (Rhône). Evoquant l’agriculture comme une «chance» et une «fierté» pour la France, il a notamment promis de «faciliter la vie» des agriculteurs en réduisant les «paperasseries». Même s’«il est encore un peu tôt pour donner les détails», Marc Fesneau a assuré ce dimanche avoir «la volonté d’avoir des procédures qui soient raccourcies, sur le modèle de ce que [le gouvernement] a accompli sur la question énergétique», ajoutant que l’exécutif a «déjà fait beaucoup avec la loi industrie verte, dont bénéficiera à 100% le secteur agricole». «Nous nous sommes attelés à tout cela, et devons accélérer, conformément aux demandes du président de la République et du Premier ministre», a-t-il précisé.

En France, comme ailleurs en Europe, notamment en Allemagne, les manifestations d’agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines. En Occitanie, des agriculteurs bloquent depuis jeudi soir l’autoroute A64 – Toulouse-Bayonne – à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne). Une action violente a également été recensée. Un bâtiment de la direction régionale de l’environnement a été soufflé par une explosion à Carcassonne dans la nuit de jeudi à vendredi, avec un tag du «comité d’action viticole» retrouvé près du lieu.

Loi d’orientation agricole repoussée ?

Pour tenter de calmer la colère, les préfets ont reçu pour instruction, à la demande de l’Elysée, «d’aller dès ce week-end à la rencontre des agriculteurs» et de leurs syndicats, «au plus près du terrain». Des préfectures ont souligné que les rendez-vous étaient pris, ou que des échanges avaient déjà eu lieu, par exemple dans l’Eure samedi entre le préfet Simon Babre et des éleveurs de volailles lors d’un salon à Evreux. La préfète de Meurthe-et-Moselle, Françoise Souliman, a aussi rencontré les organisations syndicales agricoles samedi matin, expliquant que cet entretien allait «permettre de nourrir la remontée d’informations» vers Paris. Lundi soir, ce sera au tour de Gabriel Attal de recevoir le patron de la FNSEA et le syndicat allié Jeunes agriculteurs.

Les manifestations du monde agricole ont en tout cas perturbé l’agenda de la macronie sur le sujet. Mercredi 24 janvier, à un mois avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, un projet de loi pour favoriser la relève en agriculture devait être présenté au Conseil des ministres. Mais sa présentation est reportée au mois de mars, selon la Tribune ce dimanche, une information confirmée par Marc Fesneau sur RTL dans l’après-midi. «Le projet de loi devait être présenté la semaine prochaine. Pour adjoindre quelques mesures réglementaires – il y a quand même des sujets juridiques qu’il faut qu’on pose – donnons-nous quelques semaines», s’est justifié le ministre de l’Agriculture.

«On a travaillé alignés avec Christophe Béchu [le ministre de l’Environnement, ndlr], on a besoin de mettre en conformité à la fois des objectifs environnementaux et des objectifs de production», assurait pourtant plus tôt dans la journée Marc Fesneau. Le texte prévoit notamment que chaque écolier bénéficie au moins d’une «action de découverte de l’agriculture», comme une visite de ferme, durant sa scolarité. Mais «la loi sera centrée sur les questions d’installation et de formation : guichet unique, foncier, formation…» selon le ministre de l’Agriculture. La profession imaginait en revanche un texte plus ambitieux. Le gouvernement se donne peut-être un peu de temps pour réviser sa copie.

Mise à jour à 16 heures : avec le report du projet de loi.