Le mouvement des agriculteurs est endeuillé ce mardi 23 janvier. Une femme de 36 ans est morte dans la matinée après un accident sur un point de blocage, à Pamiers, dans l’Ariège. Sa fille de 12 ans a succombé à ses blessures «peu après 19 heures», a fait savoir dans la soirée le procureur de la République de Foix, Olivier Mouysset. Le mari, lui, est grièvement blessé. «Trois de nos adhérents ont subi un grave accident», avait annoncé au petit matin le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. «Ce drame vient souligner la nécessite qu’on a d’être parfaitement organisés, de faire en sorte de respecter des consignes de sécurité, parce que ce qui est important pour nous c’est de faire passer nos messages», a commenté le patron de la FNSEA.

Après un démarrage en Haute-Garonne jeudi, le mouvement de colère de certains agriculteurs s’étend dans toute la France ce mardi 23 janvier. Des actions de blocage de routes surviennent dans différents points du pays pour faire valoir une longue liste de revendications, entre ras-le-bol d’un supposé trop plein normatif et demandes d’aides pour faire face à l’inflation.

De quoi mettre la pression sur le gouvernement, dont le projet de loi d’orientation agricole a déjà été repoussé de quelques semaines et alors que Gabriel Attal doit faire des annonces d’ici à quelques jours. On fait le point sur les différentes actions en cours dans le pays.

Alors que des rumeurs circulaient sur un geste délibéré du conducteur, le procureur de Foix Olivier Mouysset avait déclaré dans un communiqué qu’«au regard des tout premiers éléments de l’enquête, qui débute à peine, les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel». «Le véhicule a percuté, en pleine nuit, et sans éclairage public à proximité, un mur de bottes de paille […] Le véhicule a alors percuté trois personnes, avant de finir sa course contre la remorque d’un tracteur», a expliqué le procureur. «Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel», a souligné le parquet, mettant en avant la très faible luminosité sur place «en pleine nuit», «sans éclairage public».

Les Jeunes Agriculteurs de l’Oise ont commencé à mettre en place un blocage de l’autoroute A16 ce mardi à la mi-journée, dans les deux sens, au niveau de la ville de Beauvais. Plusieurs dizaines de personnes et de véhicules sont mobilisés, selon notre reporter présent sur place.

Des agriculteurs bloquent ce mardi l’autoroute A7 avec des tracteurs installés sur les deux voies dans la Drôme, occasionnant plusieurs kilomètres de bouchons, a annoncé la préfecture de département. «Ce matin à 4 heures, des agriculteurs ont forcé l’entrée de service de l’autoroute A7 au niveau de Saint-Rambert-d’Albon. Une trentaine de tracteurs avec des remorques contenant des bottes de paille et du lisier bloquent la circulation dans les deux sens», a-t-elle expliqué dans un communiqué. La préfecture a mis en place des déviations via Grenoble «aux sorties Valence sud dans le sens sud-nord, Chanas dans le sens nord-sud».

«Une évacuation via les barrières de service a permis de faire sortir quelques véhicules», notamment des poids lourds, mais à 7 heures «il est constaté 4 km de bouchons en amont et en aval du point de blocage», a poursuivi la préfecture.

La FRSEA d’Auvergne-Rhône-Alpes prévoit de nouvelles actions dans les jours à venir. Dès ce mardi après-midi sur l’A75 dans le Cantal, mais aussi «à Lyon, Grenoble et Saint-Etienne» à partir de mercredi, a prévenu son président, Michel Joux.

Des agriculteurs bloquent aussi l’autoroute A 63 à Bayonne, la ville préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Ils ont installé leurs véhicules au niveau du viaduc Hubert-Touya, au-dessus de l’Adour.

Bloquée depuis lundi, l’A62 reste coupée dans les deux sens à Agen. Les agriculteurs mobilisés y ont passé la nuit et s’apprêtent à une journée d’action dans la ville préfecture du Lot-et-Garonne, après avoir pris un petit-déjeuner sur place ce mardi matin.

Le trafic ferroviaire, un temps perturbé dans la zone par un dépôt de pneus sur les voies, a été rétabli. Des agriculteurs se sont massés devant la préfecture, où ils ont observé une minute de silence en hommage à l’agricultrice décédée.

Le barrage qui a lancé le mouvement, jeudi soir sur l’A64 entre Toulouse et Bayonne, tient toujours. La circulation reste coupée au niveau de Carbonne (Haute-Garonne), à 45 km de Toulouse. Elle devrait le rester, le ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin ayant fait savoir lundi soir qu’il ne demandait pas pour l’heure le recours à la force publique pour dégager les voies, tant qu’il n’y avait «pas de dégradations sur ce site».

En Tarn-et-Garonne, trois ronds points d’accès à la centrale nucléaire de Golfech, qui alimente en électricité le bassin toulousain, sont également bloqués par une cinquantaine de tracteurs depuis lundi matin.

Mise à jour à 22 heures : ajout de la mort de la jeune fille de 12 ans.