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Reportage

«On veut être l’exemple de ceux qui se battent» : après l’abandon par Lactalis, les éleveurs de Haute-Saône veulent se reconstruire en collectif

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Les agriculteurs en colèredossier
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Dans le département le plus frappé par la défection de Lactalis, les 80 agriculteurs laissés sur le carreau tentent de trouver des repreneurs pour leurs volumes de lait. Coopératives et industriels les courtisent, mais le traumatisme Lactalis incite à la prudence, et les solutions devront se construire collectivement pour être durables.
Une exploitation de vaches laitières à Cubry-lès-Faverney (Haute-Saône), le 10 mars 2025. (Claire Jachymiak/Hans Lucas pour Libération)
par Ivan Logvenoff, Envoyé spécial en Haute-Saône, photo Claire Jachymiak et Pauline Gabinari, Envoyée spéciale en Haute-Saône
publié le 17 avril 2025 à 19h33

Pour la première fois depuis l’automne, Nathalie (1) ressent «un sentiment de sécurité». «Ce qui s’est passé avec Lactalis, on ne peut pas revivre la même chose avant la retraite.» Elle et son mari ne regrettent pas d’avoir fait plus d’une heure de route depuis leur ferme des montagnes pour visiter l’usine d’Aboncourt-Gésincourt (Haute-Saône), et rencontrer les dirigeants de Pâturages comtois. Le couple a apprécié la franchise des représentants de la coopérative : personne n’a tenté de dissimuler les difficultés économiques passées, liées au ralentissement des exportations de fromage dû à la guerre en Ukraine. Derrière eux, une douzaine d’autres éleveurs se rassemblent par trois ou quatre autour des tables couvertes du gruyère, du brie et de la cancoillotte fabriqués sur place.

En septembre, tous dans la salle ont appris la nouvelle de la même façon que les 260 autres éleveurs concernés dans le pays : par la presse. La lettre confirmant que Lactalis arrêterait de collecter leur lait est arrivée quatre mois plus tard, fin janvier. La multinationale y annonce sans détour la «fin de la relation contractuelle» afin de «réduire son exposition aux fluctuations des marchés internationaux» pour mieux payer les autres. La sentence, explique le