Des sapins de Noël contaminés par des pesticides. Voilà le constat d’une analyse de l’association Agir pour l’environnement portant sur treize arbres. Résultat, des traces de résidus de produits phytosanitaires ont été retrouvées sur onze sapins. Treize composés différents ont été identifiés avec un maximum de cinq substances différentes sur un même arbre.
L’association assure avoir acheté les arbres dans treize commerces différents et avoir fait réaliser les analyses par un laboratoire indépendant. Sa démarche a pour objectif de faire évoluer les conditions de culture des sapins. «Derrière l’image d’Epinal du sapin qui pousserait naturellement en forêt, se cache en fait une monoculture intensive pratiquée en plein champ par environ 800 agriculteurs sur 5 000 hectares en France», affirme Agir pour l’environnement.
Elle souligne qu’un arbre est «soumis en moyenne à une dizaine de traitements chimiques» par an. des produits qui «contribuent à la pollution de notre environnement : eau, air, nappes phréatiques, faune, flore». Agir pour l’environnement demande donc à l’Etat de soutenir le développement d’une filière bio de sapins - seuls 11 producteurs sur 800 sont labellisés bio, aujourd’hui. Elle demande aussi un meilleur contrôle de l’étiquetage des sapins. «Plusieurs sapins contaminés portaient des mentions indiquant «cultivé dans le respect de l’environnement», s’indigne l’association.
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Du glyphosate ou du pétrole dans le salon
Les substances retrouvées sont cinq herbicides (Glyphosate, Diflufénicanil, Pendimethaline, Propyzamide, et Prosulfocarbe), six insecticides, acaricides ou pesticides (lambda-cyhalothrin, Fenpyroximate, tau-fluvalinate, Hexythiazox, Pyrethrines, et Téfluthrine) et deux fongicides (Fludioxonile et Metalaxyle). Si plusieurs présentent intrinsèquement des risques pour la santé (comme le glyphosate classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer), rien n’indique, à ce jour, que l’exposition via la présence d’un sapin avec des «traces de résidus» de pesticide (moins de 0,08 mg par kilo) dans le salon soit particulièrement à risque.
Agir pour l’environnement préférerait en avoir le cœur net et demande à l’Etat de saisir l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) afin «d’établir si la présence de résidus de pesticides chimiques sur les sapins constitue un danger ou non pour les habitants des logements concernés». Pas sûr que cela donne envie à tout le monde de cuisiner son sapin, par contre.
En attendant, l’association recommande d’acheter un sapin bio, de construire son propre sapin et déconseille fortement l’achat d’un sapin en plastique. «Fabriqué à partir de pétrole à l’autre bout du monde (majoritairement en Chine), son bilan carbone est très mauvais à moins de le conserver pendant au moins 20 ans», précise Agir pour l’environnement.