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Pesticides tueurs d’abeilles : avec sa non-décision, le gouvernement est tout sauf «sage»

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La biodiversitédossier
En ne tranchant pas, l’exécutif a permis au Sénat, lundi 27 janvier, d’ouvrir la voie à la réintroduction en France des très dangereux néonicotinoïdes. Au mépris de notre santé, de celle des agriculteurs, et de la biodiversité. Et à la grande joie des industriels de l’agrochimie et de leurs soutiens.
L’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, est un danger pour les insectes pollinisateurs. (Romain Costaseca/Hans Lucas.AFP)
publié le 28 janvier 2025 à 20h37

«Sagesse», vraiment ? Insupportable et dangereuse hypocrisie, plutôt. Lundi 27 janvier tard dans la soirée, au Sénat, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard (LR), a accordé un «avis de sagesse» (ni favorable, ni défavorable) à une proposition permettant la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé ailleurs en Europe jusqu’en 2033. Il s’agissait de la mesure la plus critiquée d’une proposition de loi visant à «lever les entraves» au métier d’agriculteur à coup d’ahurissants reculs environnementaux – assouplissement de la séparation entre vente et conseil pour les pesticides, épandage de ces derniers par drone, facilitation de construction de réserves d’eau, etc.

Portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI), soutenue par les syndicats agricoles majoritaires et ultra-productivistes FNSEA et Jeunes Agriculteurs, cette mesure horripile et scandalise les apiculteurs, la Confédération paysanne, les ONG environnementales, les scientifiques spécialistes du sujet et la gauche.

5 000 à 7 000 fois plus toxiques que le DDT

Et pour cause. Surnommés «tueurs d’abeilles», les insecticides néonicotinoïdes sont en réalité extrêmement nocifs pour l’environnement, la biodiversité et la santé humaine, au-delà des seules