Sous un hangar bâché, où pendent de minces lambeaux de toile au plafond, des centaines de petits pots en terre cuite ou en plastique régulièrement alignés attendent que l’œuvre du printemps produise ses effets. C’est ici, et sous d’autres serres, que les 160 000 plants de muguet de la famille Brossard végètent en silence dans leur substrat humide avant l’éclosion des premières clochettes vers la mi-avril. Il fait encore frisquet en ce matin capricieux de la fin mars, mais les jeunes griffes à l’abri du vent et des rayons du soleil n’ont pas l’air de s’en plaindre outre mesure. «Cette année, un collègue a pris sa retraite donc on a repris son volume et multiplié par trois le nôtre sans savoir si les clients allaient suivre, commente Valentin Brossard, 35 ans, un œil sur ses deux braques de Weimar turbulents. C’est une culture, sur une courte période et assez intense, que je souhaite développer. J’aime bien, ça me correspond.»
Malgré la crise sanitaire qui s’éternise, l’horticulteur d’Ollainville (Essonne), béret et barbe de trois jours, garde le moral. Cette fois-ci, les commerces de végétaux des territoires visés par de nouvelles «mesures de freinage» de l’épidémie depuis le 20 mars ont obtenu du gouvernement de rester ouverts, grâce au lobbying souterrain de l’interprofession, Val’hor. Lors du premier confinement l’an dernier, au fort de l’activité printanière, les fleuristes et pépiniéristes avaient été jugés «non essentiels»,