Normalement interdits sur les routes le week-end, les poids lourds vont pouvoir exceptionnellement rouler ces samedi et dimanche, pour leur permettre de rattraper le retard causé par les blocages des agriculteurs ces derniers jours. «Le présent arrêté lève, du samedi 3 février 2024 au lundi 5 février 2024, les interdictions de circulation des véhicules de transport de marchandises de plus de 7,5 tonnes», affirme un arrêté paru au Journal officiel ce samedi 3 février.
La reconduction de cette autorisation exceptionnelle, déjà accordée par le gouvernement le week-end dernier, doit «permettre l’achèvement des opérations de transport entamées avant le samedi 3 février à 22 heures ainsi que le retour des conducteurs routiers dont les opérations de transport ont été perturbées par les difficultés de circulation induites par les manifestations des agriculteurs», est-il encore précisé.
Désorganisation
Le blocage de dizaines d’axes autoroutiers par des agriculteurs en colère à travers toute la France a désorganisé le transport de marchandises ces deux dernières semaines. Les camions ont dû emprunter nationales et départementales, entraînant des trajets allongés de 20 % à 30 % selon les transporteurs, une augmentation de la consommation de gazole, ainsi que des heures supplémentaires pour les chauffeurs. Par ailleurs, plusieurs camions transportant des produits étrangers ont été arrêtés et vidés.
Décryptage
L’annonce jeudi d’une nouvelle série de mesures à destination des agriculteurs, après une première salve fin janvier, a toutefois convaincu la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, les syndicats majoritaires, d’appeler à la levée des blocages. La Coordination rurale, un autre puissant syndicat, a également «invité» ses adhérents à «suspendre» les actions. Enfin, les deux derniers blocages en Isère et en Loire-Atlantique de la Confédération paysanne sont en train d’être levés par les forces de l’ordre.
Ainsi, la circulation a repris dès vendredi sur plusieurs autoroutes et plus aucun blocage n’est recensé en Ile-de-France. Malgré tout, les agriculteurs ont laissé des «centaines de tonnes de déchets» derrière eux, souligne un porte-parole de Vinci, ce qui ralentit la réouverture car il faut nettoyer et remettre en état.
Interrogé vendredi par BFM-TV et RMC, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, estime que «la colère agricole se transforme.» «Il faut passer aux choses concrètes, on veut voir des choses sur le projet de loi», a argué le céréalier, citant la transmission des exploitations, la compétitivité et la souveraineté alimentaire. «On se donne [jusqu’au] mois de juin pour une loi en dur, mais si tout ça n’est qu’un feu de paille, on remettra le couvert», a-t-il encore prévenu.