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Agriculture

Prix du lait : en France, labeur sans l’argent du beurre

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Malgré des revalorisations, le prix de la denrée reste trop bas pour les éleveurs, déjà très mal rémunérés et écrasés par l’inflation. Coopératives, industriels et grande distribution se renvoient la responsabilité, et la filière s’inquiète pour son avenir.
Devant le site Lactalis de Craon (Mayenne) en 2018. (Thierry Pasquet/Signatures)
publié le 20 décembre 2022 à 19h56

Yann Manac’h est alarmiste. «Je n’ai jamais vu ça avant. Non seulement on a des départs à la retraite mais on voit des jeunes installés depuis quatre ou cinq ans qui arrêtent la production laitière», assène-t-il. L’éleveur de 44 ans, implanté dans le Finistère depuis 2006 et président de la section lait de la FDSEA locale, alerte sur le risque de voir trop de producteurs laitiers abandonner leur exploitation. En cause selon lui, des prix trop bas pour un métier prenant, demandant une présence vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si lui «fait le dos rond» car il est «bien installé», il a mené la fronde pendant un an contre les industriels pour réclamer une meilleure rémunération. Paradoxe : jamais le prix du lait payé n’aura été aussi haut depuis vingt ans, mais les actions pour demander une revalorisation se sont multipliées cette année à travers l’Hexagone, avec un pic cet automne.

Rassemblements, usines et coopératives bloquées, supermarchés envahis pour retirer des produits des rayons… Yann Manac’h a commencé l’année 2022 en bloquant une usine Laïta en janvier à Brest, avec 70 éleveurs. Février, mars, juin, septembre, octobre… Il décompte allègrement le nombre d’actions auxquelles il a participé pendant un an. «On avait de gros problèmes, avec l’explosion des charges, dès