Menu
Libération
Justice

Sainte-Soline : les antibassines veulent déposer plainte contre Darmanin

Le collectif Bassines non merci, opposé à ces retenues d’eau de grande ampleur, a dévoilé ce dimanche 24 mars son intention de porter plainte contre le ministre de l’Intérieur pour avoir «menti sous serment» devant une commission d’enquête parlementaire.

Gérald Darmanin à Lille le 9 mars. (SAMEER AL-DOUMY/AFP)
Publié le 24/03/2024 à 18h05

Bassines non merci, collectif opposé aux réserves d’eau agricoles, a dévoilé ce dimanche 24 mars une plainte qu’il compte déposer contre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, pour avoir «menti sous serment» devant une commission d’enquête parlementaire concernant la manifestation violente de mars 2023 à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

L’«ensemble des citoyens», et plus particulièrement les personnes blessées lors de la manifestation du 25 mars 2023, sont invités à s’associer à cette démarche jusqu’au 1er mai. Dans ce recours adressé à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République, Bassines non merci (BNM) conteste notamment la chronologie des affrontements présentée par Gérald Darmanin lors de son audition le 5 octobre à l’Assemblée nationale, devant la commission d’enquête sur les violences des manifestations du printemps 2023 contre la réforme des retraites et à Sainte-Soline.

Le 25 mars 2023, de violents heurts avaient éclaté lors d’un rassemblement interdit par la préfecture des Deux-Sèvres contre une réserve d’eau en construction protégée par 3 000 gendarmes. Ils avaient fait de nombreux blessés, dont deux manifestants tombés dans le coma. Selon Gérald Darmanin, les gendarmes ont subi des jets de projectiles pendant une heure avant de répliquer, alors que, d’après BNM, «il est établi que les gendarmes ont bien quitté leur ligne – située le long de la mégabassine – avant même que les manifestants n’arrivent à leur niveau».

Responsabilité «écrasante» du ministre

Le collectif accuse aussi le ministre d’avoir menti par omission en affirmant que les antibassines ont «attaqué les interdictions de transporter des matières ou des armes dangereuses», alors que leur recours portait sur l’interdiction du transport d’armes «par destination», rappelle BNM, qui souligne qu’il s’agit d’une catégorie à la définition juridique «particulièrement large» pouvant regrouper tout type d’objets.

Il déplore enfin que le ministre de l’Intérieur ait remis en cause la neutralité des observateurs des libertés publiques déployés le 25 mars, en accusant notamment la Ligue des droits de l’homme, qui a publié en juillet un rapport sur l’«usage disproportionné» d’armes par les forces de l’ordre, d’avoir «appelé à manifester malgré l’interdiction». Seules deux sections locales de la LDH l’avaient fait et ce, avant l’interdiction du rassemblement, est-il précisé dans le recours.

Pour BNM, le ministre a ainsi orienté le travail de la commission qui a conclu début novembre à la responsabilité «écrasante» des trois mouvements ayant appelé à manifester à Sainte-Soline, malgré les interdictions préfectorales. Trois militants antibassines, dont Julien Le Guet, porte-parole de BNM, ont été condamnés mi-janvier à de la prison avec sursis et des amendes pour organisation de manifestation interdite. Contacté, l’entourage du ministre de l’Intérieur n’a pas réagi pour l’heure.