Ils reviennent à la charge. Un an après les violents affrontements entre gendarmes et opposants au projet de construction d’une mégabassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), lors d’une manifestation interdite le 25 mars 2023, les Soulèvements de la Terre et le collectif Bassines non merci annoncent de nouvelles actions dès ce week-end.
«Le souvenir de la manifestation de Sainte-Soline est trop souvent sali pour décrire une réalité déguisée au service du pouvoir», avance le groupe Bassines non merci. Qui entend donc bien commémorer cette mobilisation. De ce vendredi 22 mars au 31 mars, différents événements sont prévus. Le 23 mars, des «commémor’actions» sont prévues autour de Sainte-Soline. Au programme : construction de cairn, pique-nique et tournoi de pétanque baptisé «On est toujours là, ils ont les boules». Des projections de films consacrés aux mégabassines sont également organisées dans plusieurs villes françaises. Enfin, le collectif prévoit des «mégaboums» devant plusieurs gendarmeries et préfectures partout en France lundi 25 mars. Des moments censés «rappeler que le gouvernement est triplement coupable : d’avoir utilisé des armes de guerre contre des manifestant·e·s, de l’avoir prémédité, et d’avoir ensuite empêché la prise en charge urgente des blessé·e·s».
«Actions directes de masse»
Ces actions sont aussi marquées par la participation des Soulèvements de la Terre, organisation que le gouvernement avait tenté de dissoudre avant que le Conseil d’Etat n’annule la décision. Les militants du mouvement ont ainsi dévoilé «le calendrier de [leur] septième saison d’actions directes de masse pour la défense des terres et de l’eau qui prévoit des blocages, occupations, désarmements pour les cinq mois à venir». Ce calendrier démarre par un appel à converger à proximité de «Sainte-Soline, un an après», du 22 au 31 mars.
Celui-ci a d’ailleurs suscité la réaction du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui les met en garde. «Si leur enjeu, c’est de sensibiliser l’opinion, super […] Si c’est de recommencer une partie des débordements extrêmement violents qui ont conduit à blesser des dizaines de femmes et d’hommes qui travaillent pour la police ou la gendarmerie, […] qu’ils s’abstiennent. Parce qu’ils ne rendent pas service à l’écologie», a-t-il déclaré sur France 2, ce vendredi.
200 manifestants blessés, selon les organisateurs
Le 25 mars 2023, près de 30 000 manifestants selon les organisateurs, entre 6 000 à 8 000 selon les autorités, s’étaient rassemblés dans les Deux-Sèvres pour protester contre la construction d’une réserve d’eau artificielle. La manifestation avait été interdite par la préfecture en raison «des antécédents de graves troubles à l’ordre public constatés à l’occasion des précédentes manifestations». Alors que 3 200 gendarmes et policiers avaient été mobilisés pour encadrer l’événement, Sainte-Soline est rapidement devenu le théâtre d’affrontements violents.
«Personne ne devrait tolérer cela. Soutien total à nos forces de l’ordre», avait réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur X (ex-Twitter). Selon les autorités, certains manifestants ont notamment fait usage de mortiers d’artifice contre les forces de l’ordre, alors que plusieurs véhicules de gendarmerie avaient été incendiés. Côté manifestants, les organisateurs ont dénombré pas moins de 200 blessés, les autorités en comptant 47 en leur sein et «au moins 17» parmi les manifestants, tout en reconnaissant que ce chiffre était peut-être sous-estimé. Deux manifestants avaient été grièvement blessés et placés dans le coma.