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Reportage

Suicides chez les agriculteurs: «On connaît forcément des gens qui sont passés à l’acte»

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Alors que le monde agricole et le gouvernement semblent enfin avoir pris conscience du nombre trop important de suicides chez les agriculteurs, les formations sur la prévention peinent à décoller.
Ces dernières années, la Mutualité sociale agricole (MSA) a mis en place plusieurs dispositifs : soutien psychologique, service de remplacement, aide au répit, qui viennent soulager un exploitant au bord du burn-out. (Valérie Teppe/Hans Lucas pour Libération)
publié le 5 octobre 2022 à 12h53

«Avez-vous déjà été touché par le suicide ?» Dans une petite salle terne de la Mutualité sociale agricole (MSA) de Bressuire (Deux-Sèvres), la sécu des agriculteurs et des salariés du monde agricole, Patrick Blossier entre directement dans le vif du sujet. Ce cadre de santé, qui exerce à l’hôpital de Poitiers, est spécialisé dans les formations «Sentinelles» sur la prévention du suicide. Presque tous, parmi les participants présents lors de cette formation de deux jours, ont, dans leur vie personnelle ou professionnelle, connu un suicide. «Ce n’est pas toujours le cas», explique Yasmina Clergeaud, cadre de santé à l’hôpital de Niort, qui coanime la formation et estime qu’il y a d’habitude «au moins un quart» des personnes qui répondent positivement à la question.

«Les assurés agricoles ont un risque plus élevé de suicides que les autres régimes», rappelle à Libération Magalie Rascle, directrice adjointe déléguée aux politiques sociales de la caisse centrale. Les derniers chiffres disponibles, qui datent de 2017, font état de 522 suicides par an en moyenne de personnes affiliées au régime agricole. Depuis quelques années et