Les grains de raisins finissent tranquillement de rougir. En ce dernier jour d’août, les plus acides s’accrochent encore à leur grappe, les plus mûrs s’écrasent sur la terrasse. «Quand ce ne sont pas les tourterelles qui grappillent», dit Audrey, la propriétaire de cette vigne centenaire qui ombrage sa maison niçoise. Audrey est dépassée par ses 20 mètres carrés de treille. Elle a beau transformer en jus et gelées, donner aux voisins et collègues, il reste des grains en pagaille. Alors depuis dix ans, Audrey fait intervenir l’association la Cueillette solidaire. Chaque fin d’été, des bénévoles vendangent dans son jardin. Le fruit de la récolte est transformé et vendu via la structure sociale Renouer qui emploie des personnes en réinsertion. Le gaspillage est évité, les variétés locales sont revalorisées.
C’est en voyant des fruits s’écraser à terre, sur les bords de routes et derrière les haies des propriétés, que Sophie Allain lance la Cueillette dès 2012. Dans les Alpes-Maritimes et une partie du Var, 40 récoltes sont organisées par an, soit 5 tonnes de fruits sauvés. Souvent, ce sont des variétés un brin ingrates, comme ce jacquet. Son grain est petit, noir, rustique, moins gourmand et moins charnu que le raisin de table. «On fait tout ce qui se présente, expose Sophie Allain. Le fruit le plus répandu, c’est la bigarade [l’orange amère]. C’est la bête noire. Personne n’en veut. Elle avait été plantée pour sa fleur d’oranger.» L’année dernière, s