Chaussures de rando aux pieds en ce matin de janvier, Michael Oechsel scrute les prairies inondées par les fortes pluies en face de son exploitation, à Muttersholtz (Bas-Rhin). «Elles ont l’habitude de prendre l’eau, c’est pas un problème», rassure l’agriculteur de 48 ans en voyant notre regard perplexe. Nous sommes en plein cœur du Ried, cette région humide modelée par les divagations du Rhin qui a vu ses paysages bouleversés depuis l’avènement de la monoculture du maïs dans les années 60. «Notre territoire hyper contradictoire connaît sa cinquième inondation d’affilée depuis novembre. Il y a trop d’eau en hiver, et en été, on subit de plus en plus de sécheresses à cause du réchauffement», raconte celui qui gère 150 hectares, dont 27 hectares en bio (soja et triticale, une céréale) le reste en agriculture raisonnée limitant l’usage de pesticides (maïs, blé, betteraves à sucre, pommes de terre, navets).
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Pour obtenir des rendements satisfaisant dans les champs de maïs, une plante gourmande en eau, certains agriculteurs irriguent en pompant dans la riche nappe phréatique locale. «S’il ne pleut pas de début juin à fin août et qu’on doit donc irriguer pendant deux mois, elle baisse d’au moins 20 à 30 cm, détaille Michael Oechsel. Vous voyez le cours d’eau qui passe à côté de la maison ? Depuis quelques années, l’été, il est à sec. Ça crée des tensions entre les irrigants et les naturalistes.» Par «naturalistes», comprendre : le maire.
Un dialogue permanent
Dans la rég