Menu
Libération
Reportage

Viticulture : le Pas-de-Calais rallume le fût

Réservé aux abonnés

A Fresnicourt-le-Dolmen, des vignerons font revivre une culture longtemps entravée et produisent leurs propres crus sur une terre peu habituée aux vignes.

Laurianne Carbonnaux dans sa parcelle, à Fresnicourt-le-Dolmen, le 7 juillet 2025. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
ParStéphanie Maurice
correspondante à Lille
Publié le 09/09/2025 à 17h35

«Vous pourrez dire que vous avez bu un vin du Pas-de-Calais !» Laurianne Carbonnaux, 40 ans, vive et drôle, s’amuse. Elle s’est risquée avec son mari, Paul-Adrien, dans un rêve un peu fou : produire en vignerons indépendants leurs propres crus, de la culture à la vinification, dans les Hauts-de-France. Une terre de bières et de houblon, peu habituée aux vignes. Aux confins de l’Artois et du bassin minier, les grappes naissantes, denses en grains verts, prennent le soleil sur un coteau aux terres blanches, mélange de calcaire et d’argile. Des cris d’enfants résonnent : la piste de luge Quatre saisons du parc d’Olhain est juste au-dessus. Les ceps sont encore jeunes, plantés en mars 2021. Laurianne n’est qu’au début de l’aventure : recréer – avec d’autres vignerons de la région — une tradition de viticulture au nord de Paris.

Dans son chai modeste, encore logé dans un garage de la mairie de Fresnicourt-le-Dolmen (Pas-de-Calais), où elle habite, elle fait goûter sa première cuvée, millésime 2023, de sa marque Terres de grès. «Nous disons que c’est un vin de garage», plaisante-t-elle. C’est un chardonnay, à la robe translucide vert-jaune et à l’odeur de vanille. La saveur est minérale et se développe lentement vers une tonalité plus boisée, grâce à une conservation en fût de chêne. Elle attend, anxieuse, l’appréciation des visiteurs.

«Délicat à maîtriser»

Laurianne Carbonnaux en sourit : un problème de légitimité, explique-t-elle. Pourtant, sa cuvée la Table des fées a séduit Chri