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En Corée du Sud, des scientifiques ont créé un riz rose capable de remplacer la viande

Viande : stop ou encore ?dossier
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L’aliment hybride, cultivé en laboratoire, contient des cellules de muscle et de graisse de bœuf. Un produit moins cher, moins polluant, et plus nutritif que le riz ordinaire.
Les grains de riz ont été enrobés de gélatine de poisson pour aider les cellules de bœuf à s’y accrocher, puis mis en culture pendant 11 jours. (Yonsei University)
publié le 15 février 2024 à 15h58

La solution miracle aux crises alimentaires et changement climatique ? Des chercheurs de la Corée du Sud ont élaboré un nouveau type d’aliment hybride durable, mêlant riz et cellules de bœuf. Cette viande 2.0 serait un substitut de plus aux protéines animales, dont l’élevage est l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde. Ce nouveau riz a été cultivé en laboratoire par des scientifiques de l’université Yonsei, à Séoul, et contient des cellules de muscle et de graisse de bœuf.

Un riz aussi nutritif que la viande ?

Résultat : un riz à la couleur rose, qui pourrait offrir une alternative moins chère et plus durable sur le plan environnemental, tout en laissant une empreinte carbone plus faible. «Imaginez que nous obtenions tous les nutriments dont nous avons besoin à partir d’un riz protéiné cultivé sur des cellules», a déclaré Park So-hyeon, coautrice de l’étude. «Le riz possède déjà un niveau élevé de nutriments, mais l’ajout de cellules provenant du bétail peut encore l’augmenter», a-t-elle affirmé dans un communiqué de presse publié ce mercredi 14 février, lors de la parution de l’étude dans la revue Matter.

Dans le détail, les grains de riz ont été enrobés de gélatine de poisson pour aider les cellules de bœuf à s’y accrocher, puis mis en culture pendant 11 jours. Selon l’équipe de chercheurs, comparé au riz ordinaire, le produit final contient 8 % de protéines et 7 % de matières grasses supplémentaires, tout en étant à la fois plus ferme et plus friable que les grains naturels.

La dernière version mise au point en laboratoire laisse une empreinte carbone nettement plus faible que la viande car elle ne requiert pas d’élever des animaux, ce qui consomme «beaucoup de ressources et d’eau et libère beaucoup de gaz à effet de serre», veut se rassurer Park So-hyeon. Pour 100 grammes de protéines produites, on estime que le riz hybride libère moins de 6,27 kg de dioxyde de carbone, soit huit fois moins que la production de viande bovine, selon le communiqué de presse.

Une alternative accessible

S’il était commercialisé, ce riz hybride constituerait une option beaucoup moins chère pour les consommateurs en Corée du Sud, avec un prix de vente estimé à environ 2,23 dollars par kilo, alors que celui du bœuf est d’environ 15 dollars. L’équipe prévoit d’améliorer encore ce nouveau riz d’ici sa commercialisation, afin que les cellules puissent mieux se développer dans les grains, augmentant sa valeur nutritionnelle.

«Je vois maintenant tout un monde de possibilités pour cet aliment hybride», s’est réjouie la chercheuse. «Il pourrait un jour constituer une aide alimentaire en cas de famine, être intégré dans une ration militaire ou même nourrir les astronautes», imagine-t-elle. Depuis quelques années, un véritable marché d’alternatives à la viande s’est développé, suscitant de nombreux débats. De culture, de synthèse, végétale… Les substituts sont désormais nombreux pour donner envie aux consommateurs de se détourner d’une alimentation trop carnée.