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Libération
Douche froide

Intoxications : après celles d’Arcachon, des huîtres du Calvados et de la Manche interdites à la vente

Comme dans le Sud-Ouest, des cas d’intoxications alimentaires ont été remontés aux autorités normandes, qui ont décidé d’une interdiction ce vendredi 29 décembre. Les symptômes sont ceux de «gastro-entérites aiguës».
Un parc ostréicole dans le Calvados. (GILLES TARGAT/Photo12 via AFP)
publié le 29 décembre 2023 à 15h34
(mis à jour le 29 décembre 2023 à 20h07)

Sale temps pour les amateurs d’huîtres. Deux jours après l’interdiction de la vente des huîtres du bassin d’Arcachon, c’est au tour de celles du Calvados d’être concernées par une mesure similaire. La préfecture du département de Normandie a pris la décision ce vendredi 29 décembre concernant des coquillages issus de deux parcs du département (Géfosse-Fontenay et Grandcamp-Maisy), rapportent les journaux locaux La Manche Libre et Ouest-France. Dans la Manche, le secteur concerné est celui de Saint-Vaast-la-Hougue, dans le nord-est du Cotentin.

Comme dans le Sud-Ouest, «des cas de toxi-infections alimentaires collectives», avec des «symptômes de gastro-entérites aiguës» ont été remontés aux services de sécurité sanitaire, précise les préfecture du Calvados et de la Manche. Conséquence : «Les activités de pêche, de récolte et de commercialisation destinées à la consommation humaine» sont provisoirement interdites, jusqu’à ce que «la qualité sanitaire des coquillages soit redevenue pleinement satisfaisante», précise l’administration, qui invite à rapporter les lots concernés et à ne pas les consommer.

Demande d’indemnisation

De quoi, aussi, inquiéter les producteurs normands. Leurs homologues d’Arcachon ont en tout cas affiché leur rancœur ce vendredi, à l’occasion d’une assemblée générale exceptionnelle des producteurs à Gujan-Mestras (Gironde). «C’est un sentiment d’injustice qui règne parmi nous», a dénoncé ce vendredi Olivier Laban, président du Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine. Les ostréiculteurs estiment leurs pertes, dues à l’interdiction de vente décidée mercredi, à quelque 8 millions d’euros. Ils demandent à être indemnisés en conséquence.

Après les retours de nombreux consommateurs malades autour de Noël, des analyses ont révélé la présence de «norovirus», responsable de gastro-entérite, dans les élevages. En concertation avec les organismes sanitaires, la préfecture a interdit mercredi provisoirement les activités de pêche, de récolte et de commercialisation destinées à la consommation humaine de l’ensemble des coquillages en provenance du bassin d’Arcachon.

Sauf que pour les producteurs, le système d’assainissement des rives du bassin est à l’origine de la pollution des eaux qui a contaminé les huîtres. En deux mois et demi, il a plu quelque 550 mm d’eau - soit 550 litres au mètre carré - sur la zone, contre 800 mm par an généralement. «Le système d’assainissement a débordé et l’eau souillée a migré vers le point le plus bas, les eaux du bassin», a souligné Olivier Laban. Si «les conséquences des phénomènes naturelles» sont pour lui «les risques du métier», et que «la décision qui a été prise est la bonne», «on a du mal à l’avaler, admet l’ostréiculteur. On n’y est pour rien, on a bien fait notre travail».

800 tonnes d’huîtres

Pour le représentant de la profession, la question est désormais de savoir «qui va payer l’addition» - tout en dénonçant le réseau d’assainissement qui a, selon lui, «montré ses limites». Selon les calculs du comité, les ventes du Nouvel An auraient représenté quelque 800 tonnes d’huîtres, ce qui représente un chiffre d’affaires de 7 à 9 millions d’euros. Il se réserve le droit de porter plainte si «une solution concrète pour indemniser les entreprises sinistrées» n’est pas rapidement trouvée.

«On ne demande pas le remboursement de tout le chiffre d’affaires, uniquement de la marge brute perdue», précise Olivier Laban. Car les huîtres remises dans les parcs seront finalement vendues, une fois la qualité de l’eau rétablie. Le délai pour ce type de contamination prend généralement vingt-huit jours.

Mise à jour : à 20 h 07, avec l’ajout de l’interdiction de la vente d’huîtres dans la Manche.