Faux sucre, vrais dangers. L’ONG Foodwatch, l’association française la Ligue contre le cancer et l’application française de nutrition Yuka ont lancé ce mardi 4 février une pétition conjointe visant l’interdiction de l’aspartame, un édulcorant sucrant controversé car possiblement dangereux pour la santé. En diffusant ce texte dans onze pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse), les deux organisations veulent «faire pression sur les institutions européennes afin d’interdire cet additif et demander aux Etats membres de l’Union européenne d’agir» en précaution, peut-on lire dans un communiqué commun.
Présent, selon Foodwatch, dans plus de 6 000 produits et notamment ceux dits allégés, comme certains sodas sans sucres, yaourts 0 % ou encore chewing-gums, l’aspartame est autorisé depuis 1988 en France et suscite des débats quant aux risques que cet édulcorant artificiel pourrait faire peser sur la santé. En 2023, l’Organisation mondiale de la Santé l’a classé comme «peut-être cancérogène pour l’homme». A l’époque, Paul Pharoah, professeur d’épidémiologie du cancer au centre médical Cedars-Sinai à Los Angeles, affirmait toutefois que «le grand public ne devrait pas s’inquiéter du risque de cancer associé à un produit chimique classé dans le groupe 2B». Groupe dans lequel on trouve notamment l’aloe vera.
«Principe de précaution»
«Un additif qui n’apporte rien à part des risques pour la santé ne devrait pas être présent dans notre alimentation : c’est la base du principe de précaution», tranche Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch France. Pour Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, cité dans le communiqué commun, il n’y a «aucune raison de permettre que les gens soient exposés à un risque de cancer tout à fait évitable» et «nous demandons à nos décideurs politiques de prendre leurs responsabilités et de l’interdire». D’autres études ont noté des risques liés au diabète ou encore d’accouchement prématuré en lien avec la consommation d’aspartame.
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L’additif, repérable sur les étiquettes à son numéro E 951, a été réévalué en 2013 par l’EFSA, l’Agence européenne de sécurité des aliments chargée d’évaluer les produits sur le marché alimentaire européen, sans être remis en cause. La dose journalière admissible est établie depuis 1981 à un maximum de 40 mg par kilogramme de poids corporel. Un adulte pesant 70 kg devrait consommer plus de 9 à 14 canettes contenant 200 ou 300 mg de cet édulcorant pour dépasser la dose journalière admissible. Mais Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka s’inquiètent de «conflits d’intérêts», ont-elles relevé dans leur communiqué. En effet, d’après un rapport de Foodwatch sur l’aspartame également publié mardi, «près des trois quarts des études sur l’aspartame considérées comme fiables par l’EFSA ont été financées ou influencées par l’industrie (agroalimentaire), ce qui remet en cause la crédibilité de l’évaluation des risques, et donc de l’approbation de l’aspartame» par l’institution européenne. Fin 2019, ces trois entités de défense des consommateurs et de la santé avaient déjà lancé ensemble une campagne contre les sels de nitrites dans l’alimentation du fait de leur rôle dans l’apparition de certains cancers digestifs, suivie d’effets chez certains industriels qui avaient modifié leurs recettes.