Un pas en avant, deux pas en arrière. Moins d’un an après leur interdiction, les emballages plastiques autour de certains fruits et légumes pourraient faire leur retour sur les étals : le Conseil d’Etat a annulé vendredi le décret d’application de cette mesure, le jugeant «illégal» et demandant à l’Etat d’écrire un nouveau texte. Depuis le 1er janvier 2022, de nombreux fruits et légumes frais non transformés, comme les courgettes, poivrons, concombres, pommes, poires ou oranges, ne pouvaient plus être vendus sous emballages plastiques. Le décret d’application était paru en octobre 2021 et fixait notamment des tolérances d’emballages plastiques jusqu’en 2026 pour les plus fragiles comme les fruits rouges.
C’est ce calendrier progressif qui a été jugé illégal par le Conseil d’Etat, saisi notamment par les industriels du plastique, la plus haute instance administrative jugeant que l’Etat avait outrepassé le mandat qui lui avait été fixé dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. Cette dernière avait «confié au gouvernement la tâche de lister les seuls fruits et légumes présentant un risque de détérioration s’ils étaient vendus en vrac, afin de les exempter de l’interdiction d’emballage plastique de façon définitive», explique le Conseil d’Etat dans un communiqué.
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Or, dans le décret d’application, le gouvernement a non seulement «inclus dans sa liste des fruits et légumes ne présentant pas nécessairement de risque de détérioration» mais a en plus «fixé, pour chacun de ces fruits et légumes, la période durant laquelle ils pourraient continuer à être vendus sous emballage plastique après le 1er janvier 2022», indique le Conseil d’Etat.
2 000 euros d’amende
En conséquence, «le décret n° 2021-1318 du 8 octobre 2021 relatif à l’obligation de présentation à la vente des fruits et légumes frais non transformés sans conditionnement composé pour tout ou partie de matière plastique est annulé», conclut le Conseil d’Etat, suivant en cela l’avis du rapporteur public rendu le 14 novembre. L’Etat «devra redéfinir une liste par décret pour répondre à la mission que lui a confiée la loi», est-il ajouté. Il devra en outre verser la somme de 2 000 euros au syndicat Alliance Plasturgie & Composites du futur, au syndicat Polyvia, à la Fédération française de la coopération fruitière, légumière et horticole (Felcoop) et à l’association interprofessionnelle des fruits et légumes frais.
La décision n’a pas manqué d’indigner le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu qui, sur Twitter, se dit «consterné». «Nous ne céderons jamais face à ceux qui se moquent de l’urgence climatique tout en imposant des conditions insupportables pour les producteurs», condamne-t-il. Selon lui, un nouvel arrêté «plus ferme encore» serait en cours de préparation.
Consterné par la situation : nous ne céderons jamais face à ceux qui se moquent de l’urgence climatique tout en imposant des conditions insupportables pour les producteurs.
— Christophe Béchu (@ChristopheBechu) December 9, 2022
Un nouvel arrêté, plus ferme encore, est déjà en cours de rédaction. https://t.co/hODV1cC3jk
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Avant l’entrée en vigueur de cette interdiction, 37% des fruits et légumes en France étaient vendus sous emballage plastique. L’interdiction de ces emballages, visant une trentaine d’entre eux, devait «permettre d’éviter plus d’un milliard d’emballages en plastique inutiles chaque année», avait indiqué l’an dernier le gouvernement. Le président Emmanuel Macron avait mis en avant en septembre 2021 le fait que la France serait «le premier pays à ne plus avoir de plastique autour de (ses) fruits et légumes», promettant une «vraie révolution».
Mis à jour à 16h10 : réaction de Christophe Béchu.