De l’eau, du colza, du vinaigre, du sucre, du maïs, du sel, du lait, et de la moutarde. Depuis des années, la sauce «pommes-frites» de McDonald’s fait partie des produits phares du géant de la restauration rapide. Classée au pied du podium des meilleures de la chaîne américaine par Konbini en 2020, elle accompagne les frites d’une partie de ses 440 millions de clients annuels en France… Qui pourraient se sentir bernés.
Selon une information de l’association 60 millions de consommateurs diffusée mercredi 31 juillet, et confirmée par le Parisien, McDonald’s France a réduit la quantité de sa sauce fétiche, sans que le prix ne suive - il faut payer à partir du second sachet - , et sans en avertir les consommateurs. La quantité de sauce «pommes-frites» passe ainsi de 14 millilitres à 10 millilitres, une perte de 28,6 %. Interrogée par 60 millions de consommateurs, la branche française de la multinationale a confirmé «que la contenance de [leurs] sachets de sauce pommes frites passe à 10 ml, comme c’est déjà le cas pour le ketchup».
Interview
Jusqu’à 30 centimes pour un deuxième sachet
L’entreprise a tenté de minimiser les conséquences de ce changement. Elle a d’abord expliqué que «cette démarche de mise en cohérence de gamme ne concerne que la sauce pommes-frites». Puis a ensuite souligné que «les restaurants McDonald’s en France offrent, selon l’usage, au moins un sachet de sauce pour toute commande de portions de frites». Certes. Mais pour qu’un client puisse en commander un deuxième – ce qui devient plus probable si la quantité diminue – il faut payer.
Le prix varie d’un établissement à l’autre. «Pour les commandes de sauces complémentaires, les restaurants peuvent, à leur appréciation et pour limiter le gaspillage alimentaire, proposer des sachets aux alentours de 15 centimes», souligne McDonald’s. Mais selon 60 millions de consommateurs, «la fourchette est bien plus large : sur l’application de la marque, le sachet de sauce à l’unité coûte 0,30 €, et nous l’avons trouvé à 0,20 € sur une plateforme de livraison de repas.»
Reportage
Par ailleurs, 60 millions de consommateurs dénonce le manque de transparence de la marque. Ainsi, sur l’application McDonald’s, «l’achat de sauce pommes-frites à l’unité est suggéré sous la bannière “fréquemment achetés ensemble”», observe l’association. «Ce qui pourrait laisser entendre aux personnes qui connaissent mal l’enseigne qu’elles doivent payer ce supplément de 0,20 € si elles souhaitent accompagner leurs frites d’un sachet de sauce… et donc les pousser à l’achat de celui-ci.»
Un chiffres d’affaires en recul de 8%
Cette méthode de McDonald’s pour augmenter le prix au kilo de sa sauce n’a rien de révolutionnaire. Il s’agit d’un cas de shrinkflation, contraction de «shrink» (rétrécir) et «inflation», une technique marketing, courante dans l’agroalimentaire, qui consiste à réduire la quantité ou la taille d’un produit tout en maintenant son prix. Les industriels ont souvent justifié leurs méthodes par la hausse des coûts de production, en raison notamment de la guerre en Ukraine.
La multiplication des exemples de shrinkflation a fréquemment provoqué la colère des associations, des consommateurs, et même du gouvernement, qui a longtemps envisagé de légiférer sur la question. Finalement, depuis le 1er juillet 2024, une nouvelle réglementation oblige les enseignes de grande distribution à signaler, par des affichettes, toute diminution de contenant entraînant une hausse du prix au kilo. Mais cette loi ne s’applique pas au secteur de la restauration.
McDonald’s, de son côté, n’est pas dans une situation économique difficile, même si sa santé financière n’est pas au beau fixe. Le 29 juillet, la marque avait annoncé que son chiffre d’affaires annuel avait reculé de 8 %, atteignant 6,49 milliards de dollars, avec un bénéfice net en chute de 12 %.