La branche française de Nestlé et une de ses filiales ont été mises en examen cette semaine dans l’enquête sur l’affaire des pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E.coli et suspectées d’avoir provoqué la mort de deux enfants, a annoncé l’entreprise ce vendredi 5 juillet. Selon une porte-parole de Nestlé France, les chefs de mise en examen sont «homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie». Le parquet de Paris, sollicité par l’AFP, n’était pas joignable dans la matinée.
La filiale exploitant l’usine de Caudry (Nord), où les pizzas avaient été fabriquées, et Nestlé France ont été mis en examen «respectivement les 2 et 4 juillet derniers», détaille un communiqué de l’entreprise, qui ne précise pas les chefs de mise en examen. En mai 2022, une information judiciaire avait été ouverte, notamment pour homicide involontaire, blessures involontaires, mise sur le marché d’un produit dangereux pour la santé et mise en danger d’autrui.
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Le scandale avait éclaté en février 2022, lorsque les autorités sanitaires avaient été alertées par la recrudescence de cas d’insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination à E.coli. Quelques semaines plus tard, Nestlé avait annoncé le retrait des pizzas de la gamme Fraîch’Up de Buitoni, après avoir été informé de la présence de la bactérie dans la pâte d’un produit. Les autorités sanitaires avaient ensuite déclaré avoir établi un lien entre la consommation de ces pizzas et plusieurs cas graves de contamination chez des enfants français. Deux jours plus tard, le préfet du département du Nord avait interdit la production de pizzas au sein du site de Caudry. L’usine, en activité depuis 1982, a depuis été revendue par Nestlé à l’entreprise italienne Italpizza.
Un accord d’indemnisation
«Il s’agit d’une étape cruciale dans la compréhension de l’origine de ce drame. Les nombreuses familles que je représente attendaient cela avec impatience», a réagi auprès de l’AFP l’avocat Pierre Debuisson, qui représente une soixantaine de victimes. «Nous ne pouvons qu’espérer que la mise en examen de Nestlé incitera vivement les grands groupes agroalimentaires à renforcer considérablement les contrôles internes afin de garantir la sécurité alimentaire des consommateurs», a-t-il ajouté.
«La justice pénale avance enfin dans cette affaire aux conséquences dramatiques, nous espérons que cela contribuera à dégager toutes les responsabilités, quelles qu’elles soient», a réagi de son côté François Lafforgue, avocat de l’association de défense des consommateurs Foodwatch France.
En avril 2023, Nestlé s’était engagé à indemniser 63 familles victimes des pizzas Fraich’up contaminées, «dans une démarche amiable d’apaisement des victimes et de leurs familles», mais sans pour autant dévoiler le montant de l’accord. «Chacune des personnes concernées recevra de la part de Nestlé France une proposition indemnitaire, qui fera suite à une évaluation médicale et qui tiendra compte, de manière équitable, de la gravité des préjudices et de chaque situation», s’était contenté de préciser la filiale du géant suisse.