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Libération
Reportage

Sur la côte Atlantique, les pêcheurs submergés par une «invasion» de poulpes

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Ces dernières semaines, des quantités exceptionnelles de céphalopodes sont pêchés dans l’ouest de la France. En Loire-Atlantique, les professionnels s’inquiètent de la menace que le prédateur pourrait faire peser sur d’autres espèces, comme le homard.
Théo Couedel, caseyeur au Croisic (Loire-Atlantique), mercredi. (Léonor Lumineau/Libération )
par Marine Dumeurger et photos Léonor Lumineau
publié le 16 octobre 2021 à 11h18

Yannick Morel n’en revient toujours pas. «Trente-deux ans que je pêche et je n’ai jamais vu ça !» Mardi soir, il est 22 heures et le patron de pêche du Papi Paul décharge ses prises sur les quais du petit port de pêche de La Turballe, en Loire-Atlantique. Il fait ses comptes : «C’est bien simple il n’y a plus que du poulpe. En deux jours, on atteint les captures d’une année entière.» Cette étrange histoire de céphalopodes a commencé au printemps. A partir d’avril, les bateaux de pêche, principalement des chalutiers, se sont mis à remonter une quantité exceptionnelle de poulpes, au lieu des sardines et encornets habituellement pris dans les filets.

Un phénomène constaté du Morbihan à la Vendée, et qui s’est accéléré depuis le mois de septembre. Sur le quai d’en face, Mathieu Villeneuve, patron du chalut les Quatre Fantastiques, procède lui aussi à la débarque, énième cigarette aux lèvres. «C’est sûr, on est tous surpris. Normalement, on n’en voit pas, mais là c’est une invasion, lâche-t-il, tout en déplaçant à la grue les bacs bleus d’où s’échappent des traînées d’encre sombre. On a bien un peu de lottes, de rougets, mais les trois-quarts, c’est du poulpe, comme la trentaine de bateaux qui travaillent sur zone.»

Douze fois plus de poulpes vendus

Quelques heures plus tard, à 4 h 30, alors que les chaluts sont repartis pour une nouvelle pêche, la criée s’ouvre aux acheteurs. Chaussures en cuir parmi les bottes des