Yannick Morel n’en revient toujours pas. «Trente-deux ans que je pêche et je n’ai jamais vu ça !» Mardi soir, il est 22 heures et le patron de pêche du Papi Paul décharge ses prises sur les quais du petit port de pêche de La Turballe, en Loire-Atlantique. Il fait ses comptes : «C’est bien simple il n’y a plus que du poulpe. En deux jours, on atteint les captures d’une année entière.» Cette étrange histoire de céphalopodes a commencé au printemps. A partir d’avril, les bateaux de pêche, principalement des chalutiers, se sont mis à remonter une quantité exceptionnelle de poulpes, au lieu des sardines et encornets habituellement pris dans les filets.
Un phénomène constaté du Morbihan à la Vendée, et qui s’est accéléré depuis le mois de septembre. Sur le quai d’en face, Mathieu Villeneuve, patron du chalut les Quatre Fantastiques, procède lui aussi à la débarque, énième cigarette aux lèvres. «C’est sûr, on est tous surpris. Normalement, on n’en voit pas, mais là c’est une invasion, lâche-t-il, tout en déplaçant à la grue les bacs bleus d’où s’échappent des traînées d’encre sombre. On a bien un peu de lottes, de rougets, mais les trois-quarts, c’est du poulpe, comme la trentaine de bateaux qui travaillent sur zone.»
Livre
Douze fois plus de poulpes vendus
Quelques heures plus tard, à 4 h 30, alors que les chaluts sont repartis pour une nouvelle pêche, la criée s’ouvre aux acheteurs. Chaussures en cuir parmi les bottes des