Au moins deux ans de retard. Selon le rapport annuel de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), publié ce mardi 13 février, la France est loin d’avoir rempli sa part du marché en ce qui concerne la pêche durable. En 2022, seules 56 % des 347 000 tonnes de poissons débarqués dans l’Hexagone provenaient de populations exploitées durablement, un chiffre en très légère amélioration par rapport à 2021, qui avait atteint 54 % de pêche durable. Si la part de poissons issus pêche durable est beaucoup plus élevée qu’au début du siècle (18 %), elle stagne depuis 2017. Et reste loin, très loin, de l’objectif européen fixé dans le cadre de la Politique Commune de la Pêche, qui est d’atteindre 100 % de populations pêchées au «rendement maximum durable» (RMD) d’ici 2020.
Pour aller plus loin
Afin de ne pas mettre en péril les populations de poissons, l’Union européenne a mis en place ce fameux RMD, qui désigne la quantité maximum de chaque espèce de poissons que l’on peut pêcher. D’après les données de l’Ifremer, 20 % des espèces de poissons sur les étals français sont surpêchées, comme le maquereau ou la sardine. Parmi elles, certaines ont même vu leur population s’effondrer, notamment le lieu jaune de Manche et le merlu de Méditerranée. Même lorsqu’elles sont exploitées au RMD, de nombreuses populations de poissons «restent fragiles», «car leur maintien dépend d’une bonne reproduction chaque année», tient à rappeler l’Ifremer.
Disparités de région
Certaines mers sont plus exploitées que d’autres. La situation est particulièrement mauvaise en Méditerranée, où seules 36,5 % des 18 000 tonnes de poissons débarqués sont pêchées durablement. A l’inverse, la mer du Nord et l’est de la Manche affichent les meilleures performances, avec plus de 63 % des volumes de produits de la mer provenant de populations en bon état, grâce aux bonnes ressources de harengs et de coquilles Saint-Jacques.
A lire aussi
«Pour que la pêche soit durable, il faudrait non seulement atteindre l’objectif de 100 % des populations de poissons en bon état mais aussi s’y maintenir sur le long terme», estime Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer, citée dans le communiqué. «Pour cela, il faut considérer et mieux comprendre les facteurs qui influencent le développement des œufs et des larves de poissons, en particulier avec le changement climatique», souligne la chercheuse. A l’origine du réchauffement des océans, le changement climatique n’est pas sans conséquence pour la biodiversité marine. Disponibilité des ressources alimentaires, haute mortalité et désertion des colonies figurent parmi les bouleversements des écosystèmes causés par la surchauffe des eaux.