C’est un coin de paradis sur lequel plane un mal-être. Il s’agit d’un jardin luxuriant dont les feuillages s’élèvent sous les nuages suisses. Les amateurs reconnaîtront un cottage à l’anglaise entretenu avec une passion qui flirte avec l’obsession. C’est un Eden quelque peu chargé, tel un havre de paix où chaque pétale cacherait un malaise ou traduirait un trop-plein émotionnel. «Je l’appelle le jardin des rêves et des souffrances, résume Yasmine Motarjemi, 69 ans, maîtresse des lieux et ancienne directrice de la sécurité alimentaire du groupe Nestlé. Mon bonheur, car c’était le rêve de ma vie d’avoir un jardin, et finalement, c’est devenu le résultat de ma souffrance…»
Comprendre, dix-sept années de conflit avec son ancien employeur, Nestlé, entre harcèlement, bataille juridique et lutte incessante pour améliorer le système de sécurité des aliments. Près de deux décennies passées à souffrir et à donner l’alerte, au bout desquelles, tout de même, la multinationale a été reconnue fautive, condamnée à lui payer 2 millions de francs suisses (2,1 millions d’euros). Bien maigre consolation quand on compte les frais d’avocats engagés, les conséquences sur la vie personnelle, les dégâts physiques, les séquelles psychologiques, la carrière pulvérisée…
«C’était l’une des plus respectées dans son domaine, commente l’expert en sécurité alimentaire Rudolf Schmitt, qui l’a connue quand elle travaillait à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), saluant «sa grande