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Hécatombe

Australie : plus de 150 dauphins s’échouent en Tasmanie, les autorités euthanasient les survivants

La biodiversitédossier
Une centaine de delphinidés de l’espèce des «fausses orques» se sont échoués en moins de 48 heures sur une plage de Tasmanie, une île au sud-est de l’Australie. Les autorités ont décidé d’euthanasier 90 individus encore en vie ce mercredi 18 février, après des tentatives ratées de remise à l’eau.
Les dauphins échoués sur la plage de Tasmanie ce mercredi 19 février 2025. (Département des ressources naturelles et de l'environnement de Tasmanie/AFP)
publié le 19 février 2025 à 18h01

Sur les photos, des dizaines de dauphins d’un noir brillant gisent sur le sable, le long d’une plage à marée basse. Appartenant à l’espèce des «fausses orques», ces 157 gros dauphins prédateurs se sont échoués en l’espace de 48 heures près d’Arthur River, une localité peu peuplée du nord-ouest de la Tasmanie, une île située dans le sud-est de l’Australie.

Après l’échec de tentatives de remise à l’eau, et à l’issue d’une expertise vétérinaire, des agents de protection de l’environnement ont été contraints ce mercredi 19 février de commencer à euthanasier 90 individus, les seuls qui étaient encore en vie.

Les tentatives de remise à l’eau des dauphins, pouvant peser plus d’une tonne chacun, ont tourné court, a relaté le biologiste Kris Carlyon. Le lieu de leur échouage «est probablement le plus difficile que j’ai vu en seize ans d’expérience dans ce domaine en Tasmanie. Il est extrêmement isolé, extrêmement difficile d’accès. Nous avons fait de notre mieux ce matin mais nous sommes à court d’options pour une remise à l’eau réussie», regrette l’expert. «L’euthanasie d’un animal de cette taille, ce n’est pas un exercice simple», a-t-il admis. Plus tôt, le département local de l’Environnement avait fait état de «conditions océaniques et de la difficulté à acheminer un équipement spécialisé dans ce lieu reculé».

«Au moment où [un cétacé] s’échoue, le compte à rebours pour sa survie s’enclenche», souligne la spécialiste de la vie marine Vanessa Pirotta. «Nous ne comprenons pas encore pourquoi ils s’échouent», ajoute-t-elle. «La Tasmanie s’est révélée être un point chaud pour les échouements de masse comme celui-ci. Peut-être que c’est sa situation géographique, qui rend difficile de naviguer autour d’elle», avance l’experte.

Echouages massifs dans le monde

«Souvent, nous ne faisons pas la lumière sur la cause fondamentale» de ce phénomène, abonde Kris Carlyon. Ces animaux «ont vraiment de forts liens sociaux. Un spécimen désorienté peut attirer les autres vers le rivage», décrit-il. Comme d’autres delphinidés, ces cétacés également appelés faux épaulards sont des animaux qui vivent en communauté, formant souvent des bancs de 50 individus ou plus. On retrouve ces animaux, qui peuvent mesurer jusqu’à six mètres de long, dans tous les océans tropicaux et subtropicaux, généralement dans les eaux profondes du large.

Des échouages massifs de cétacés sont de plus en plus fréquemment constatés à travers le monde, un phénomène dont les causes n’ont pas été scientifiquement établies à ce jour mais qui pourrait être lié à l’activité humaine. En Australie, des dizaines de dauphins pilotes s’étaient échouées sur une plage à l’extrémité sud-ouest du pays en avril dernier.