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Libération
Canis lupus

«Pas d’implantation du loup là où il y a du pastoralisme» : Emmanuel Macron veut abattre davantage de loups

En visite dans l’Aveyron ce jeudi 3 juillet, le chef de l’Etat a déploré l’accumulation des règles imposées aux éleveurs et a évoqué l’élaboration d’une loi pour abattre davantage de loups.
Loup dans la neige dans le massif des Pyrénées, France. (Claude Balcaen /Biosphoto. AFP)
publié le 3 juillet 2025 à 21h05

Emmanuel Macron a un croc contre le loup. Ce jeudi, en marge d’un déplacement à Roquefort et Millau (Aveyron), le chef de l’Etat a plaidé pour empêcher l’implantation du loup là «où il y a du pastoralisme». Quitte, pour ce faire, à autoriser qu’un plus grand nombre de canidés soient abattus. «On ne va pas laisser le loup se développer et qu’il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres, a continué le Président. Et donc ça veut dire qu’il faut, comme on dit pudiquement, le prélever davantage.»

Emmanuel Macron a notamment argué que la présence de l’ours, du loup «et même du vautour» conduisait les éleveurs à laisser leurs bêtes «en bas». «Et donc on a des terres qui redeviennent de la friche, de la broussaille et du coup qu’est ce qui se passe ? Je vous le parie, dans quatre ans, on aura des incendies», a-t-il appuyé.

«Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où il y a l’ours qui redéboule ou le loup, qu’ils aillent y passer deux nuits», a-t-il encore lancé, assurant connaître «l’angoisse que ça représente» et fustigeant l’accumulation des règles imposées aux éleveurs.

La dernière réglementation en date a pourtant de quoi ravir les éleveurs, puisqu’une décision européenne a décidé de déclasser le statut du loup. Auparavant espèce «strictement protégée», l’animal est devenu une espèce «protégée», une évolution dénoncée par des défenseurs de la biodiversité. «Il ne faut pas qu’on attende qu’il se soit installé, que vous ayez fait tous les investissements, pour pouvoir prélever», a encouragé le Président.

Une proposition «qui n’est pas réaliste»

Fin mai, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard avait de son côté fustigé devant le Sénat qu’à la date du 12 mai, la France avait déjà enregistré «759 attaques et 2 617 bêtes prédatées», causant des «préjudices considérables».

Fin juin, le gouvernement avait alors pris un arrêté permettant aux éleveurs bovins et équins d’opérer des tirs de défense contre les loups pour protéger leur troupeau, même lorsque celui-ci n’aura pas été déjà attaqué. Un autre recul dénoncé par les associations environnementales.

Ce jeudi, Emmanuel Macron a jugé «vraisemblable qu’il faille une loi» pour parvenir à ses fins, se tournant vers les parlementaires présents lors de sa visite à Roquefort-sur-Soulzon qui, selon lui, «auront des alliés dans beaucoup de départements».

«Exclure les loups des zones d’élevage n’est pas réaliste et ne relève d’aucun fondement scientifique. Les loups vivent dans de grands territoires qu’il est impossible de diviser», a fait valoir Cédric Marteau, de l’association de défense de l’environnement LPO. «L’enjeu est de poursuivre le travail entrepris avec les éleveurs et de procéder au renforcement des mesures permettant de limiter les interactions avec les troupeaux», a-t-il martelé.