La loi de la jungle ne serait-elle que masculine ? Les sociétés de grands singes incarneraient-elles un machisme «bête et méchant» ? Que nenni, répond Shelly Masi, primatologue italienne et maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle, dans un ouvrage aussi déroutant que passionnant, Queen Kong (1).
Forte de vingt-cinq ans de recherches en République centrafricaine aux côtés des pisteurs locaux bayaka, elle témoigne d’une réalité méconnue, surprenante : les femelles gorilles de l’Ouest ont un caractère souvent bien trempé, et ne se laissent pas conter par les dos argenté – les mâles adultes – pourtant deux fois plus grands qu’elles.
D’où vient votre passion pour les gorilles ?
Petite, je regardais beaucoup de documentaires et les grands mammifères me passionnaient déjà. Mais je n’aimais pas vraiment les primates, parce que je voyais surtout leur côté violent, les chimpanzés qui se faisaient la guerre. Je les trouvais trop semblables à l’homme et à ce qu’il a de plus sombre en lui.
Mais à 8 ans, je suis tombée sur un documentaire sur les gorilles de montagne, les seuls qui étaient étudiés à l’époque, dans les années 80. Deux d’entre eux observaient un caméléon, captivés. L’un l’a caressé délicatement. Cette sensibilité m’a in