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Toilette après un rapport sexuel, des feuilles pour s’essuyer ou se soigner : les chimpanzés aussi prennent soin d’eux

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Des observations scientifiques réalisées dans la forêt de Budongo, en Ouganda, publiées mercredi 14 mai, ont permis de démontrer que les primates prennent soin d’eux en pansant leurs blessures ou en s’essuyant après avoir déféqué.
Un chimpanzé d'Ouganda. (Regis Cavignaux/Biosphoto.AFP)
publié le 15 mai 2025 à 18h02

Et si l’hygiène n’était pas le propre de l’homme ? Les chimpanzés aussi s’essuient les fesses, se nettoient après un rapport sexuel, soignent leurs plaies, et portent secours à leurs congénères pris au piège. C’est ce que révèle une étude publiée mercredi 14 mai dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution, menée dans la forêt de Budongo, en Ouganda, où des scientifiques ont passé plusieurs mois à documenter les habitudes d’hygiène et de soin des chimpanzés Sonso et Waibira.

«Pendant longtemps, nous, les humains, avons pensé que les soins de santé étaient l’une de ces particularités qui nous distinguaient» des animaux, a souligné au Guardian l’autrice principale de l’étude, Elodie Freymann. Or, la faune sauvage sait prendre soin d’elle et même des autres. Et peut même nous aider à trouver de nouveaux remèdes.

Automédication

L’équipe de chercheurs internationaux a passé quatre mois à scruter les faits et gestes de deux communautés de chimpanzés avant de combiner leurs données avec d’autres observations enregistrées sur trois décennies. Les scientifiques les ont vus utiliser des feuilles pour s’essuyer les parties génitales après un rapport sexuel, ou leurs fesses après avoir déféqué. Attentifs à l’hygiène, mais aussi à la santé : léchage des plaies, tamponnement avec des feuilles, pression avec les doigts, application de feuilles mâchées. Les chimpanzés regorgent d’idées.

«Certaines des plantes que les chimpanzés semblent cibler pour les appliquer sur leurs propres blessures ont des propriétés de cicatrisation et de prévention des infections connues», a précisé Elodie Freymann, même s’il est impossible de savoir si les chimpanzés en sont pleinement conscients. En revanche, les chercheurs ont vu de leurs propres yeux des chimpanzés Sonso s’entraider – même sans lien de parenté. Que ce soit pour le traitement d’une blessure, le retrait d’un piège et, dans un cas plus inédit, l’essuyage du pénis d’un pair après un rapport sexuel.

Ce n’est pas la première fois qu’une étude démontre les soins prodigués entre grands singes. Des scientifiques ont déjà observé des chimpanzés en train d’utiliser des insectes pour soigner leurs propres blessures et celles des autres. D’autres ont pu apercevoir des orangs-outans soigner leurs blessures avec de la sève et des feuilles prémâchées de plantes aux propriétés médicinales. Plus récemment, et sur un tout autre sujet, des chercheuses ont établi que les chimpanzés tambourinaient au rythme de la jungle. Preuve, encore une fois, que l’homme n’a pas le monopole de l’hygiène, ni de la musicalité.