Dans la grisaille de ce début mars, des lettres orange fluo se détachent de l’asphalte. Des poèmes qui invitent à avancer sur le chemin surplombant les villages d’Eclépens et de La Sarraz, dans le canton de Vaud, en Suisse : «Et si habiter voulait dire quelque chose de plus grand que de vivre entre quatre murs ?» Des rondins barrent la route. De toute façon, on ne passe plus qu’à pied, l’accès des voitures au plateau est bloqué plus bas par une imposante barrière posée par la gendarmerie. Puis, encore une palissade. Elle marque l’entrée de la Zone à défendre (ZAD) de la Colline, la première de l’histoire en territoire helvète, qui s’oppose au projet d’extension de la carrière exploitée par LafargeHolcim. Palettes multicolores, portières de voiture, pancartes et barbelés ne laissent qu’un étroit passage vers le territoire défendu. Les entrées sont surveillées et d’un rapide coup d’œil, un trentenaire cagoulé fait la différence entre promeneuses locales («Bonjour mesdames !») et journalistes aux yeux inquisiteurs («Vous êtes qui ?»).
La méfiance est montée d’un cran depuis que la ZAD de la Colline est en sursis. Elle est expulsable dans les jours qui viennent. On a d’abord annoncé la date du 16 mars, puis du 26 et