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Libération
Au chevet des sites naturels français (2/8)

Au Cap Fréhel, des chèvres des fossés et des vaches bretonnes pour préserver les landes

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Cet été, tour d’horizon des solutions mises en place pour préserver le patrimoine naturel menacé par le dérèglement climatique. Dans les Côtes-d’Armor, environ un tiers de cette végétation rase a disparu en soixante-dix ans. Des pratiques comme le pâturage ont permis de maintenir ces étendues sauvages.
Au cap Fréhel, dans les Côtes-d'Armor, le long du chemin de randonnée GR34, qui longe le littoral breton. (René Mattes/Hemis. AFP)
publié le 23 juillet 2022 à 17h03

«Ça va, les petites ?» s’enquiert Katell Lorre, en entrant dans la vaste parcelle. Les caprins, encore à leur sieste méridienne, se dressent soudain parmi les hautes fougères en bêlant, comme pour saluer l’éleveuse, venue comme presque chaque jour s’assurer que tout va bien. Réveillées, les sept chèvres des fossés, une race rustique locale au poil long, gambadent puis se rassemblent sous l’un des rares arbres maigrichons, croquant ça et là dans la végétation. Quatre vaches à la jolie robe dorée – des Froment du Léon, une autre race bretonne ancienne – arrivent à leur tour et farfouillent dans les fourrés, à la recherche de plantes à leur goût. Un peu à l’écart, deux ânes paissent parmi l’ajonc pas encore éclos et la bruyère déjà violette, indifférents à la beauté magnétique du cap Fréhel qui s’étend derrière eux.

«Le troupeau a toute sa place ici», s’extasie, devant ce tableau champêtre, Philippe Quéré, animateur Natura 2 000 sur ce bout de terre labellisé Grand site de France. Avant l’intervention animale, à certains endroits, «on ne pouvait pas approcher, c’étaient de gros buissons impénétrables». Voilà près de trois ans que le petit cheptel hétéroclite de Katell Lorre a pris ses quartiers dans les landes du cap Fréhel, sur le flanc est. Il y pâture au gré des saisons sur 40 hectares, sur les quelque 400 qui forment ce site naturel saisissant.

«Garder ce côté steppes»

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