Un nouveau front politique s’ouvre contre l’A69. Le groupe écologiste à l’Assemblée nationale a annoncé ce mardi 16 janvier lancer une commission d’enquête parlementaire sur ce projet controversé d’autoroute entre Toulouse et Castres. Les députés Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) vont se servir de leur droit de tirage annuel qui permet à chaque groupe de créer la commission de son choix.
«Il s’agira de mettre en lumière toutes les collusions qu’il peut y avoir dans ce dossier», a détaillé à l’AFP la députée écologiste de Haute-Garonne Christine Arrighi, dénonçant un «scandale écocide d’un chantier qui n’a aucune raison d’être ni économique ni financière et encore moins environnementale». Les écologistes ont formalisé leur recours lors de la conférence des présidents de l’Assemblée nationale. La commission du développement durable du Palais-Bourbon doit encore acter la création de cette commission d’enquête.
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«C’est un grand projet inutile de 53 kilomètres qui symbolise complètement l’errance d’un système et d’un logiciel qui date des années 80, a fait valoir mardi Christine Arrighi. 350 hectares de terres arables, humides et d’arbres, pâtissent de cette situation, et sur ces 53 km, on a déjà une route nationale en deux fois deux voies.» La députée de Haute-Garonne entend conduire des auditions d’associations, mais aussi interroger des personnalités de «la sphère politico-médiatique» et de «la sphère industrielle et financière». Elle a notamment expliqué vouloir enquêter sur le concessionnaire Atosca, et la concession de «cinquante-cinq ans» accordée par l’Etat. Arrighi a également expliqué avoir obtenu lundi des annexes du contrat de concession de l’autoroute, mais que certaines pages avaient été «biffées», au nom du «secret industriel».
«Projet écocide d’un autre temps»
Ce projet d’autoroute divise la classe politique. Si des députés LR et RN se sont récemment prononcés pour, la gauche est majoritairement contre, à l’exception notable de la présidente socialiste d’Occitanie, Carole Delga, qui défend l’autoroute contre l’avis du premier secrétaire, Olivier Faure. Un débat sur le projet doit aussi avoir lieu au sein de la commission du développement durable de l’Assemblée, à la suite d’une pétition du collectif la Voie est libre, opposé au projet. Lundi, 380 étudiants et anciens étudiants ingénieurs de l’école nationale des travaux publics de l’Etat ont appelé à abandonner «ce projet écocide d’un autre temps», dans une tribune publiée par Libération.
Le chantier de l’autoroute, contre laquelle plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers mois, avance «selon le calendrier prévu», avait déclaré le 18 décembre le préfet d’Occitanie, Pierre-André Durand. «A peu près 40 chantiers ont démarré, la moitié des terrassements […] la moitié des ouvrages d’art», avait ainsi détaillé en décembre Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca.