Il n’en reste plus qu’un. Sur l’arbre Julia, dans la zone à défendre (ZAD) de la Cal’Arbre, à Saïx (Tarn), sur le tracé de l’A69, il n’y plus qu’un «écureuil», ces militants qui s’accrochent aux branches, après que deux d’entre eux ont été blessés et un interpellé ce vendredi 6 septembre. Ils défendaient deux chênes centenaires, les ultimes arbres que l’entreprise Atosca prévoit d’abattre pour mener à bien son chantier, ce ruban de bitume de 53 kilomètres ultra-contesté qui doit sortir de terre entre Toulouse et Castres.
Tôt ce matin ce vendredi, vers 6 h 45 selon les zadistes sur place, les forces de l’ordre ont mené une opération pour déloger les quatre «écureuils», répartis sur les deux arbres restants. C’est le chêne surnommé «Atosc’arbre» qui a d’abord subi les assauts de l’unité de gendarmerie spécialisée dans les accrochages complexes de manifestants (CNAMO).
Reportage
«Les gendarmes se sont faufilés derrière des talus qu’ils avaient érigés, ils sont montés à l’échelle et ils ont surpris les trois personnes qui étaient dans Astosc’arbre», témoigne un militant à Libération. Selon cette source, l’un des activistes a été interpellé et placé en garde à vue, tandis que les deux autres sont tombés d’une dizaine de mètres. Ils sont hospitalisés à l’heure actuelle.
«Nous n’avons pas encore le bilan médical, mais on les a vu partir en civière», raconte l’activiste. «Tout au long de leur opération, les gendarmes ont tenté de se cacher pour qu’on ne les filme pas, en tendant des bâches», assure-t-il encore. Le dernier «écureuil» a filmé l’opération depuis son chêne attenant et ses vidéos que Libé a pu consulter confirment les faits. Les quatre militants étaient montés dans les arbres peu avant la reprise légale des coupes, le 1er septembre.
«La honte»
Une première opération des forces de l’ordre, menée le 30 août au matin, a «libéré le site de La Cal’arbre, illégalement occupé par des opposants au chantier de l’autoroute A69», avait annoncé la préfecture du Tarn dans un communiqué. Lors de cette intervention, un militant avait chuté d’un fortin érigé à l’entrée de la ZAD, et avait été transporté à l’hôpital avec plusieurs fractures.
Les ouvriers du chantier ont ensuite procédé à la coupe d’une soixantaine d’arbres, laissant donc deux chênes derrière eux. «On est rongé par la colère et la rage», affirme le militant contacté. «Ce qu’ils font, c’est la honte».
Analyse
De son côté, la préfecture du Tarn se félicite d’avoir «atteint ses objectifs» qui consistaient «à faire évacuer les opposants occupant illégalement les terrains du concessionnaire et, d’autre part, à sécuriser les travaux de déboisement». Ceux-ci sont d’ailleurs «totalement achevés» dans le département, écrit la préfecture dans son communiqué.
Mise en service de l’autoroute fin 2025
«Ce matin, l’unité spécialisée de la CNAMO est parvenue à libérer l’arbre illégalement occupé par trois opposants. Deux d’entre eux ont été légèrement blessés lors de l’intervention et pris en charge très rapidement par les sapeurs-pompiers», précisent les services de l’Etat. Depuis une semaine, plus de 400 gendarmes et policiers ont été engagés pour mener à bien ces opérations, et «une vingtaine» d’individus ont été interpellés.
Quant au dernier chêne occupé, la préfecture affirme qu’il n’est pas nécessaire de l’abattre pour la poursuite des travaux et qu’il pourra l’être «ultérieurement». Selon le concessionnaire, l’autoroute devrait être mise en service fin 2025.
Mise à jour : à 19 heures 30, avec le communiqué de la préfecture du Tarn.