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A69 : la dernière ZAD évacuée, les ultimes arbres sur le tracé de l’autoroute bientôt abattus

La biodiversitédossier
Une opération d’évacuation des opposants au chantier controversé, repliés sur la Zone à défendre du «Verger» entre Toulouse et Castres, a eu lieu ce lundi 16 septembre. L’irréductible locataire de la maison qui se trouvait sur la parcelle a fini par rendre les clés, face aux menaces des pro-autoroutes.
Un militant sur le toit de la maison dans la ZAD du «Verger», ce lundi 16 septembre 2024. (Matthieu Rondel/AFP)
publié le 16 septembre 2024 à 17h01

Le dernier îlot de résistance est en train de tomber. La zone à défendre (ZAD) du «Verger» était l’ultime bastion des opposants sur le tracé de l’autoroute A69, ruban de bitume ultra-contesté de 53 kilomètres en cours de construction entre Toulouse et Castres. Le terrain de 8 000 m², situé sur la commune de Verfeil (Haute-Garonne), a été évacué ce lundi 16 septembre par les forces de l’ordre afin que le chantier se poursuive.

«Je n’avais pas envie de finir brûlée»

Si l’intervention a pu être menée, c’est parce que la locataire de la parcelle, Alexandra, a accepté jeudi de déménager dans un autre logement. Pendant longtemps, elle avait refusé d’abandonner sa maison, officiellement propriété depuis mars 2023 d’Atosca, le concessionnaire de l’A69, et dont le jardin se trouve à quelques mètres à peine des pelleteuses de chantier. Elle a finalement remis ses clefs ce lundi, après avoir subi une vague d’intimidations par des pro-autoroute fin août. «Je n’en peux plus […] je n’avais pas envie de finir brûlée», a-t-elle dit, faisant référence à des incendies allumés au «Verger» ces dernières semaines et pour lesquels le parquet de Toulouse a ouvert deux enquêtes pour «dégradation par incendie».

Plusieurs dizaines de gendarmes ont donc pénétré sur la parcelle vers 9 heures ce lundi matin. Dans un arrêté d’autorisation de vol d’un drone pour capter des images, publié dimanche, la préfecture de Haute-Garonne avait évoqué «une opération de gendarmerie visant à procéder à l’évacuation des occupants sans droit ni titre de la ZAD du Verger, à Verfeil, située sur le tracé du chantier de l’A69». Le texte mentionnait également la mobilisation anti-A69 ainsi que des «troubles à l’ordre public répétés et de gravité croissante».

Dans un communiqué, les opposants à l’autoroute affirment avoir «préparé la défense de ce terrain» toute la nuit de dimanche à lundi. «A 10 heures, après la lente mise en place d’un dispositif de gendarmerie pour entourer le Verger, les huissiers d’Atosca sont entrés sur la propriété afin d’échanger avec la locataire, récupérer ses clés et acter son départ des lieux», relatent-ils. Les activistes dénoncent aussi les pressions que le concessionnaire et les forces de l’ordre auraient exercées sur Alexandra lors de cette intervention pour la pousser à porter plainte contre la ZAD. Contactée, la préfecture de Haute-Garonne n’a pas répondu à nos questions.

Premiers arbres abattus

Avant de partir, Alexandra avait ouvert son jardin aux zadistes et aux écureuils, ces militants anti-A69 qui grimpent aux arbres pour les défendre, pour qu’ils protègent le «Verger». Selon Lucas (1), un habitant de la ZAD joint par Libération, il y avait environ une vingtaine d’activistes encore perchés dans les arbres et sur le toit de l’habitation ce lundi et «entre 45 et 50 personnes au sol». En début d’après-midi, des employés du chantier ont abattu de premiers arbres à l’aide de tronçonneuses et d’une pelleteuse, sous les huées des zadistes, maintenus hors des zones de travaux par les gendarmes. Malgré tout, les activistes en hauteur sont restés sur leurs positions.

De son côté, Atosca, confirme à Libération avoir récupéré les clefs de la propriété : «sous la protection des forces de l’ordre, les équipes ont pu procéder aux dernières coupes d’arbres […] Désormais Atosca maîtrise 100 % de terrains nécessaires à la construction de l’autoroute, et l’ensemble des locataires ont été relogés», indique le concessionnaire.

Alexandra, elle, espère que la mobilisation se poursuive : «On a perdu une bataille mais la guerre n’est pas finie. Les gens sont là et ils vont continuer à se battre. Je leur ai juste demandé de faire attention à eux», a-t-elle déclaré, rapporte France 3 Occitanie.

Début septembre, plusieurs militants avaient chuté d’une dizaine de mètres lors de l’évacuation de la ZAD de la Cal’Arbre, près de Castres. Les derniers chênes occupés avaient été rasés, et le Verger, à une quarantaine de kilomètres de là, devenait le dernier écrin de verdure où le bitume n’avait pas encore gagné.

(1) Le prénom a été modifié.

Mise à jour à 10 h 13 : avec la réaction d’Atosca.