L’espoir pour ceux qui souffrent des allergies à l’ambroisie porte un nom : Ophraella communa. C’est un insecte appartenant à l’ordre des coléoptères, dont le corps, de couleur brune orné de lignes noires verticales, ressemble à celui d’une punaise. Il se nourrit de feuilles et de fleurs de l’ambroisie, cette plante invasive et hautement allergène. Il est apparu en Italie en 2013. Et de ce côté des Alpes on l’attendait donc avec impatience, notamment depuis la publication en 2015 d’un rapport de l’agence de sécurité sanitaire pointant ses bienfaits. Et ça y est, «huit ans plus tard, on a confirmé les premières observations de l’insecte en France !» se réjouit l’observatoire des ambroisies du réseau Fredon dans un communiqué relayé début octobre. Sa présence a été détectée dans tous ses états – œufs, larves et adultes – dans les villes de Lyon et Villeurbanne. De quoi ravir les 690 000 personnes touchées par cette allergie dans la région Auvergne-Rhône-Alpes qui est la plus touchée en France.
Interview
En Italie du Nord, son installation a entraîné une chute de 80 % de pollen d’ambroisie. «Les capteurs de pollens ont enregistré en une saison une diminution considérable des pollens d’ambroisie. Les spécialistes sont allés voir sur le terrain. Et ils ont constaté des populations importantes de cette chrysomèle de l’ambroisie autour de l’aéroport de Milan», relate Marilou Mottet, coordinatrice de l’observatoire des espèces à enjeu pour la santé humaine à Fredon France, au micro de France Bleu Drôme-Ardèche.
«Les scientifiques ont estimé qu’une introduction en ex-région Rhône-Alpes, en appliquant les mêmes facteurs, pourrait réduire de plus de 50 % le risque allergique. En conséquence, cela résulterait en une baisse de 75 % à 85 % des coûts de santé associés», peut-on lire dans le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale de 2015. Les experts y soulignent que les risques liés à l’arrivée de l’insecte sont «faibles voire nuls» et «les bénéfices importants pour la santé publique, l’environnement ou l’économie». Cet agent de lutte biologique contre l’ambroisie pourrait même soulager les exploitants des parcelles infestées par cette plante allergène. Actuellement les chercheurs mènent également des études complémentaires sur l’impact d’une présence importante de Ophraella communa sur l’environnement. Et sur la façon dont l’insecte interagit avec les autres espèces locales.
La scientifique Marilou Mottet temporise toutefois la bonne nouvelle et prévient que «sa présence naturelle, sans aide humaine pour favoriser sa dispersion plus massivement, ne suffira pas à régler les problèmes liés à l’ambroisie».