Vue du ciel, une rivière verte, tachetée de brun, ondule à travers les vastes prairies du Soudan du Sud situées entre les jungles tropicales et les déserts arides du continent africain. Comme chaque année, une immense migration d’antilopes prend place entre la rive est du Nil Blanc et l’Ethiopie, les animaux étant forcés de prendre la route à cause de la saison des pluies qui inonde la zone humide du Sud. La première étude aérienne complète de la faune du pays, publiée mardi 25 juin par l’ONG African Parks – qui gère les parcs nationaux de Boma et de Badingilo, dans le sud-est du Soudan du Sud, pour le compte du gouvernement – offre un nouveau regard sur ce magistral exode animal.
En s’appuyant sur des observations par avion de zones encore jamais étudiées, des dizaines de milliers de photos, ainsi que le suivi de plus de 250 animaux munis d’un collier sur une superficie d’environ 120 000 kilomètres carrés (quasiment la taille de la Grèce), l’ONG révèle la présence d’environ 6 millions d’antilopes dans la région. C’est presque cinq fois plus que la précédente estimation – 1,3 million d’individus – réalisée en 2007 par la Wildlife Conservation Society. «Même si on savait qu’il y avait une migration majeure dans cette région, on manquait de données pour quantifier le phénomène, explique à Libé le vétérinaire Philippe Chardo