Une menace invisible s’étend sous la côte est du Brésil. Le danger se situe en profondeur, sous la ville de Maceió et son million d’habitants. La mine de sel sur laquelle est construite la capitale de l’Etat d’Alagoas, bordé de plages, de lagons et récifs de coraux, s’est partiellement écroulée dimanche 10 décembre.

Les autorités avaient déjà alerté sur la menace d’un effondrement total de la structure. En conséquence, les 55 000 riverains des quartiers directement menacés avaient été évacués de la zone auparavant et ne sont pas en danger, ont rassuré les responsables locaux. Mais les images sont inquiétantes. Une vidéo diffusée par les médias brésiliens montre de grosses bulles brunes éclatant à la surface de l’eau au moment de la rupture de la mine, qui se trouve en grande partie sous la lagune.

«Nous recueillons de plus amples informations et les communiquerons dès que possible», a déclaré le maire de Maceió, Joao Henrique Caldas, mais il a déjà averti que la ville serait confrontée à «la plus grande tragédie urbaine du monde» si la mine venait à s’effondrer.

Les habitants surveillent nerveusement la «mine 18» du géant pétrochimique Braskem. L’entreprise brésilienne s’est contentée de déclarer dans un communiqué qu’un «mouvement atypique» avait été détecté dans la mine et qu’elle «continuait à coopérer» avec les autorités.

Des groupes écologistes préviennent de leur côté qu’un tel effondrement pourrait provoquer une catastrophe écologique pour la lagune et l’écosystème environnant. Une énorme quantité de sel pourrait en effet se dissoudre dans les eaux côtières et détruire les écosystèmes marins tels que les coraux, ces derniers ne proliférant que dans une fourchette de salinité bien déterminée. Selon la RTBF, un affaissement total pourrait s’apparenter au «vidage soudain d’un lavabo», avec des conséquences environnementales en chaîne.

La mine de sel en question, une des 35 exploitées par la société à Maceió, produit du sel gemme ou sel de roche, servant à fabriquer de l’hydroxyde de sodium et du PVC. Une fois le sel extrait, les cavités laissées sur place peuvent s’effondrer, entraînant le tassement du sol situé au-dessus et des structures qui y ont été construites.

Mais cela fait déjà depuis 2019 que Maceió a vu sa vie urbaine affectée par cette mine : les habitants ont été contraints de commencer à évacuer la zone autour du site, après l’apparition de fissures dans les rues et les bâtiments. Près de 15 000 bâtiments d’habitation de la zone sont aujourd’hui vidés de leur population.