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Bloqué

Au large de l’Australie, des centaines de touristes bloqués, un bateau de croisière empêché d’accoster à cause de ses biosalissures

La biodiversitédossier
Des centaines de touristes, pour la plupart américains, ont vu leurs vacances gâchées à cause d’une «excroissance marine» dans leur bateau. Un mélange de bactéries, algues et mollusques dans la coque a été à l’origine du refus de l’autorisation pour accoster en Australie.
Le paquebot «Viking Orion» dans la baie de Port Phillip, près de Melbourne, en 2020. (William West /AFP)
publié le 2 janvier 2023 à 15h39

Un nouvel an épique. Les passagers du luxueux navire de croisière Viking Orion avaient signé pour un séjour rempli d’excursions pittoresques dans le continent océanique. Mais ils sont restés bloqués en mer pendant une semaine. Et les arrêts qu’ils devaient effectuer à Christchurch et Dunedin (en Nouvelle-Zélande), et à Hobart, la capitale de Tasmanie (en Australie), ont été annulés. La raison ? Les autorisations d’accoster ont été refusées. La coque du vaisseau était en effet porteuse d’une «excroissance marine.» Des souillures biologiques formées par une accumulation de bactéries, larves, spores, crustacées et mollusques, entre autres macro et micro-organismes. Leur présence représente un risque d’importation d’espèces exotiques. Une menace pour les écosystèmes. Le vaisseau a finalement accosté à Melbourne ce lundi 2 janvier et «devrait reprendre l’itinéraire initial», selon l’entreprise de croisières.

Selon les informations du gouvernement australien, des plongeurs ont dû enlever la «biofoul». Le nettoyage du navire s’est fait pendant qu’il était ancré dans les eaux internationales. Le vaisseau avait quitté Auckland (Nouvelle-Zélande) le 23 décembre, mais n’a plus fait d’escales après son départ de Wellington, la capitale néo-zélandaise, le 26 décembre, selon le site vesselfinder.com.

«Le voyage de l’enfer»

La compagnie Viking s’est montrée rassurante au moment de communiquer et a confirmé avoir dû retirer «une quantité limitée d’une excroissance marine ordinaire» de la coque. Elle affirme qu’elle travaille «directement avec les passagers sur une compensation pour l’impact sur leur voyage».

Mais les hôtes ne semblent pas satisfaits de ces explications. Certains des passagers ont exprimé leur colère et leur déception sur les réseaux sociaux. «Le voyage @VikingCruises de l’enfer continue. Il paraît que nous serons coincés dans le navire durant presque neuf jours entiers», peut-on lire sur Twitter. Cette internaute affirme qu’il s’agit de l’expérience «la plus surréaliste et rageante» et que maintenant tout ce qu’elle souhaite est de «sortir de ce bateau et rentrer à la maison». Kenn Heydrick, un autre passager, dénonce la «négligence» de la compagnie qui l’a déçu après «deux ans d’attente».

Des politiques de biosécurité strictes

Cela fait de nombreuses années que l’Australie et la Nouvelle-Zélande mettent en place des systèmes de biosécurité très stricts. LAustralie organise des interventions à la frontière pour empêcher l’entrée de tout organisme potentiellement invasif. Les aéroports et les ports maritimes sont hautement surveillés. Joe, un pigeon voyageur de course, a failli être éliminé en 2021 par les autorités australiennes car «quelle que soit leur origine, tous les oiseaux domestiques qui n’ont pas respecté les conditions d’importation ne sont pas autorisés à rester. La seule solution possible pour gérer le risque de biosécurité est la destruction humaine de l’oiseau», avait déclaré le porte-parole du département de l’Agriculture. En 2017, un herbier vieux de plus de 200 ans venu de France, du Muséum national d’histoire naturelle, n’a pas eu la même chance que Joe et a été entièrement détruit par les douaniers.