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Le Libé des historiens

Beauté fatale : le tragique destin postcolonial de la rafflésie

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«Découverte» par les colonisateurs britanniques de l’Asie du Sud-Est, la plus grande fleur du monde est désormais menacée par l’extension des plantations d’huile de palme, qui rongent les forêts de Sumatra et Bornéo.
Rafflesia keithii, l'une des plus grandes fleurs du monde, est une plante à fleurs parasite du genre Rafflesia endémique de Sabah, en Malaisie, à Bornéo. (Nora Carol/Getty Images)
par Romain Bertrand, directeur de recherche Ceri-Sciences-Po
publié le 4 octobre 2023 à 22h20

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 4 au 8 octobre 2023, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 5 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Dans un rapport rendu public le 19 septembre, une équipe internationale de botanistes s’alarme, nouvelles données à l’appui, de l’extinction prochaine d’une plante tropicale, la rafflésie (Rafflesia). Si les 42 variétés de Rafflésie sont pour la plupart jugées en «danger critique» de disparition, c’est que leur habitat naturel s’étiole. En dépit de timides programmes de protection, la déforestation continue à battre son plein en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines. Bien que la pratique de l’agriculture sur brûlis, liée à l’augmentation des densités de peuplement, soit aussi parfois en cause, l’ennemi n°1 de la Rafflésie reste le palmier à huile.

Car à Sumatra comme dans le nord de Bornéo, l’extension des plantations industrielles de palmiers à huile se fait au détriment direct de la forêt qui l’abrite.

La rafflésie dispose pourtant d’atouts spectaculaires, qui en ont fait une star des dépliants touristiques. Plante «parasite» qui se développe sur les lianes à la manière d’un champignon, elle ne possède ni tige ni feuilles mais produit, tou