L’emblématique éléphant de Bornéo est désormais l’une des 45 321 espèces menacées d’extinction dans le monde. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient d’actualiser sa liste rouge, qui recense 163 040 espèces, et a classé le pachyderme parmi celles «en danger», catégorie intermédiaire avant le stade «en danger critique» d’extinction. Cet éléphant d’Asie, qui ne mesure pas plus d’1,5 mètre de haut, a des traits juvéniles, de grandes oreilles et une queue frôlant le sol. Il resterait seulement 1 000 individus à l’état sauvage sur l’île de Bornéo (dont le territoire est partagé entre trois Etats : l’Indonésie, la Malaisie et le sultanat de Brunei). «La population a diminué au cours des soixante-quinze dernières années», précise l’UICN dans un communiqué, qui détaille ensuite les causes de ce déclin.
Le facteur le plus ancien est «une exploitation forestière intensive des forêts de Bornéo, qui a détruit la majorité de l’habitat des éléphants». Le développement de l’agriculture, notamment de l’huile de palme, l’exploitation minière ou encore la construction d’autoroutes ont encore réduit son territoire. En conséquence, la cohabitation avec l’être humain devient plus compliquée : les animaux se rapprochent des zones urbanisées, à la recherche de nourriture, ils endommagent les cultures et subissent en retour «des représailles fatales», poursuit l’UICN. Enfin, «le braconnage d’ivoire, l’ingestion accidentelle de produits agrochimiques et les collisions avec les véhicules sont également source de préoccupation».
«Nous pouvons sauver les espèces de l’extinction»
Le plus petit éléphant de la planète fait pourtant l’objet d’une attention particulière. «Au cours des deux dernières décennies, des efforts considérables ont été déployés à la fois pour comprendre et pour conserver les éléphants de Bornéo. Ces activités sont vitales pour assurer un avenir à cette sous-espèce et permettre un développement socio-économique sans heurt dans les zones où les éléphants sont présents», déclare dans le communiqué Augustine Tuuga, directrice du département de la faune sauvage de Sabah et membre du groupe de spécialistes des éléphants d’Asie de la Commission de l’UICN pour la sauvegarde des espèces. Les efforts sont donc à poursuivre. «Grâce à des mesures de conservation soutenues, collaboratives et scientifiques à une échelle suffisante, nous pouvons sauver les espèces de l‘extinction», complète la Dr Grethel Aguilar, directrice générale de l‘UICN.
A lire aussi
La liste rouge fait aussi état d’un «déclin vertigineux des reptiles sur les îles de Gran Canaria et Ibiza», en Espagne. Les populations de lézards géants de Gran Canaria et le scinque de Gran Canaria (sorte de lézard à la queue bleu électrique), tous deux endémiques, ont ainsi été réduites de moitié en dix ans. Ils sont dévorés par la couleuvre royale de Californie, espèce invasive introduite sur l’île en 1998.
Cactus braconnés
Enfin, l’UICN avertit que la mode des cactus à fleurs en Europe et en Asie a stimulé le braconnage et le commerce illégal des cactus copiapoa, endémiques du désert côtier d’Atacama, au Chili. Parmi les 26 espèces qui composent ce genre de plantes, 82 % sont aujourd’hui menacées d’extinction. Mieux vaut s’assurer que ces cactus ont été cultivés sous serre : «Les copiapoa braconnés ont un ton gris et sont recouverts d‘un duvet à l‘aspect poussiéreux qui protège les plantes dans l‘un des déserts les plus secs de la planète, tandis que les plantes cultivées semblent plus vertes», explique Pablo Guerrero, professeur associé à l’Université de Concepción (Chili) et membre du groupe de spécialistes des cactus et plantes succulentes de la Commission de l’UICN pour la sauvegarde des espèces.
Le changement climatique empêche aussi ces cactus de recoloniser leurs territoires d’origine. «Le brouillard océanique dont ils ont besoin pour s‘hydrater évolue avec les changements de température mondiale et ces espèces à longue durée de vie ne peuvent pas se reproduire assez rapidement», alerte l’UICN. Une raison supplémentaire pour faire diminuer au plus vite nos émissions de gaz à effet de serre.