C’est un arrêté qui avait scandalisé mais qui a finalement été suspendu ce mardi 7 mai par le tribunal administratif de Toulouse. La préfecture de l’Aveyron avait autorisé l’abattage des chiens «errants, divagants et malfaisants» soupçonnés d’avoir attaqué des troupeaux de brebis. Cette décision, prise le 10 avril et qui concernait cinq communes, avait déclenché l’ire des organisations de défense des animaux.
Le juge des référés a finalement émis un «doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée». Dans un communiqué, le préfet assure avoir pris «acte de cette suspension», plaidant que son arrêté «ne visait aucunement à organiser un abattage sauvage des chiens errants dans le département». «A ce jour, il convient de souligner qu’aucun chien n’a été abattu dans ce cadre particulièrement restrictif», a-t-il également été noté. «Les services de l’Etat et les lieutenants de louveterie restent mobilisés pour soutenir les éleveurs durement éprouvés par ces prédations», ajoute ce communiqué.
«C’est en France que se concentrent toutes les barbaries»
Après 11 attaques de troupeaux répertoriées depuis le début de l’année, notamment dans le Larzac, la préfecture de l’Aveyron avait temporairement autorisé l’abattage de chiens Saarloos, une race proche du loup, pour protéger les élevages. Ces chiens ont été repérés par l’Office français de la biodiversité (OFB) «divagant sur le territoire des attaques. Les caractéristiques physiques de ce chien sont très proches de celles d’un loup, avec lequel il peut être facilement confondu», précisaient les services de l’Etat dans un communiqué.
Selon l’arrêté, «est considéré en état de divagation, tout chien qui en dehors d’une action de chasse, de la garde ou de la protection du troupeau, n’est plus sous la surveillance effective de son maître […] ou qui est éloigné de son propriétaire […] d’une distance dépassant 100 mètres». Ces abattages devaient être réalisés par des louvetiers et des agents de l’OFB, «dans leur stricte mission de protection des troupeaux» de 20 heures à 8 heures, par des tirs à balles uniquement.
#AbattageChiens
— Brigitte Bardot (@brigitte_bardot) May 3, 2024
J'appelle @GDarmanin à être mon allié, à ne plus tolérer l'intolérable en France et à sanctionner les préfets cow-boys, comme le @Prefet12 et son arrêté criminel, imbécile et scandaleux, autorisant l'abattage par balles des chiens ! pic.twitter.com/6zLCpWPklk
Dans un courrier à Gérald Darmanin, Brigitte Bardot a rappelé que sa fondation «agit dans de nombreux pays pour faire cesser ces tueries de chiens […] mais c’est en France que se concentrent toutes les barbaries, des corridas à la chasse à courre, en passant par le gavage». Ainsi, le collectif, dénonçant des «initiatives criminelles», a demandé au ministre de l’Intérieur de «ne pas laisser les préfets jouer les cow-boys». D’autres organisations de défense des animaux, comme One Voice ou l’association Stéphane Lamart, ont également vivement critiqué la méthode et attaqué l’arrêté devant la justice administrative.
One Voice estime que le manque de surveillance des troupeaux est le principal facteur de risque et a jugé disproportionnée la réponse de l’Etat. «Tuer, tuer et encore tuer ! Et quand les loups ne sont pas visés, c’est au tour des chiens.» Outre celle de chiens errants visés par l’arrêté, une présence régulière du loup dans l’Aveyron, venu du massif alpin, a également été établie par l’OFB.