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Péril bleu

«Ça affecte tout, de la vie microbienne aux grands prédateurs» : comprendre l’acidification de l’océan, l’autre mal lié aux émissions de CO2

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Les scientifiques alertent face à la métamorphose chimique que subit le grand bleu. Un «processus silencieux et invisible», mais très grave.

Plancton, mollusques aquatiques, oursins, palourdes, coquilles Saint-Jacques et crabes pâtissent déjà de ces eaux au pouvoir corrosif. (Dominique Delfino/Biosphoto. AFP)
Publié le 21/10/2025 à 14h13

Dans les années 70 et 80, la forêt vosgienne a été frappée d’un mal étrange. Sapins, hêtres et épicéas se sont parés d’un manteau jaune, aiguilles et feuilles perdant de leur ardeur au point de se détacher des branches par blocs. L’expression «pluies acides» apparaît alors dans les médias. Combinée aux sécheresses, la pollution atmosphérique générée par les activités industrielles et contenue dans les gouttes de pluie avait arrosé le massif. Aujourd’hui, un mal similaire sévit dans le grand bleu, plus sournois, encore plus menaçant. «L’acidification de l’océan est un peu le pendant des pluies acides sur terre, illustre Nicolas Metzl, chercheur au Laboratoire d’océanographie et du climat de l’Institut Pierre-Simon-Laplace. Sauf qu’à l’époque des Vosges, on pouvait observer les conséquences directes sur les arbres. Le problème ici, c’est que dans l’eau, pour l’instant, c’est beaucoup plus discret.»

S’ils ne sont pas visibles d’un simple coup d’œil, les signaux d’alerte sont bien réels. Et les publications scientifiques se multiplient. Fin septembre, dans