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Reportage

Canicules marines : au large de la Côte d’Azur, les eaux «se tropicalisent»

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Eaux plus troubles, moins de coraux, plus de barracudas… «Libé» a suivi des biologistes lors d’une randonnée palmée au large de Théoule-sur-Mer. Tous constatent depuis des années des changements dans l’écosystème.
Un groupe de girelles paons. Ce poisson habitué des mers chaudes est de plus en plus présent dans le nord de la Méditerranée. (Giorgio Mesturini/Universal Images Group.Getty Images)
par Mathilde Frénois, envoyée spéciale en mer Méditerranée
publié le 24 août 2024 à 10h03

Les poissons tournent autour du rocher. La pierre a bougé, il y a forcément de quoi se sustenter. La girelle paon prend une becquée. Derrière un masque de plongée, ce 20 août, on distingue ses écailles irisées, son dos chamarré. «La couleur d’un poisson tropical», fait remarquer Tom Biscéré, biologiste marin et éducateur environnement au Centre de découverte mer et montagne (CDMM). Tout l’été, l’association anime des sorties snorkeling sur le sentier sous-marin de la Pointe de l’Aiguille du Parc maritime départemental Estérel-Théoule (Alpes-Maritimes). La girelle paon est le poisson le plus coloré de la randonnée palmée. Originaire du sud de la Méditerranée, il se plaît désormais dans le nord de celle-ci. Sa présence est-elle due aux canicules marines ? Cet été, la température de la Méditerranée a battu un record, avec une valeur médiane inédite de 28,9°C en surface, relevée le 15 août. D’après le Giec, ces chaleurs aquatiques entraînent «un changement drastique» des écosystèmes marins avec «un déclin de la biodiversité et l’arrivée d’espèces invasives». Une modification que l’on appréhende à tâtons au large des plages de la Côte d’Azur.

«Couche marronasse»

Sur le sable de Théoule, le poste de secours a dessiné un soleil sur son tableau. Température de l’eau : 29°C. Soit 2°C de plus que la normale. Palmes aux pieds, masque sur les yeux, Tom B