Ce samedi midi, Monique, Jacques, Aude et Nicole, la soixantaine tous les quatre, sont attablés sur la grande terrasse de la maison familiale, au Robert, dans le centre-est de la Martinique. Le cadre est en apparence idyllique : l’habitation est comme posée sur l’eau et l’océan s’étend à perte de vue. Plusieurs mois dans l’année pourtant, ce petit coin de paradis, où enfants ils se baignaient et pêchaient, se transforme en enfer.
«Il y a encore deux mois, à cause des sargasses, c’était impossible de rester sur la terrasse, raconte Monique. La baie était toute jaune, l’eau était recouverte sur des dizaines de mètres, on n’avait jamais vu ça. L’odeur était juste horrible, ça sentait l’œuf pourri, ça nous rendait malade. A part se boucher le nez et mettre de l’huile essentielle partout, on ne pouvait rien faire. Il faut le vivre pour le comprendre.» En ce début de mois d’octobre, quelques rares grappes de ces algues brunes sont encore visibles le long de la côte martiniquaise. Mais les échouements sont désormais beaucoup plus rares, et le rivage retrouve petit à petit son visage luxuriant. Pour quelques mois seulement.