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Reportage

«C’est devenu tout simplement invivable» : en Martinique, les sargasses empoisonnent la vie des habitants

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Au Robert, comme dans le reste des Antilles, des quantités record d’algues brunes se sont échouées sur les côtes en 2025. En se décomposant, elles dégagent des gaz toxiques pour l’humain et accélèrent l’usure du matériel électronique.

Vue de la plage des Raisiniers, avec des traces de sargasses échouées sur le sable, à La Trinité, le 4 octobre 2025. Une yole bleue est visible au loin. (Adeline Rapon/Libération)
ParJulien Lecot, envoyé spécial en Martinique
envoyé spécial au Robert (Martinique)
Publié le 11/10/2025 à 14h48

Ce samedi midi, Monique, Jacques, Aude et Nicole, la soixantaine tous les quatre, sont attablés sur la grande terrasse de la maison familiale, au Robert, dans le centre-est de la Martinique. Le cadre est en apparence idyllique : l’habitation est comme posée sur l’eau et l’océan s’étend à perte de vue. Plusieurs mois dans l’année pourtant, ce petit coin de paradis, où enfants ils se baignaient et pêchaient, se transforme en enfer.

«Il y a encore deux mois, à cause des sargasses, c’était impossible de rester sur la terrasse, raconte Monique. La baie était toute jaune, l’eau était recouverte sur des dizaines de mètres, on n’avait jamais vu ça. L’odeur était juste horrible, ça sentait l’œuf pourri, ça nous rendait malade. A part se boucher le nez et mettre de l’huile essentielle partout, on ne pouvait rien faire. Il faut le vivre pour le comprendre.» En ce début de mois d’octobre, quelques rares grappes de ces algues brunes sont encore visibles le long de la côte martiniquaise. Mais les échouements sont désormais beaucoup plus rares, et le rivage retrouve petit à petit son visage luxuriant. Pour quelques mois seulement.

Pendant longtemps, les algues étaient connues pour se développer dans la mer des Sargasses, au niveau des Bermudes, et dans le golfe du Mexique. Mais