Menu
Libération
Enquête

«C’est très traumatisant, ça a fait beaucoup de mal à l’animal» : pour les skippeurs du Vendée Globe, le tabou des collisions avec les cétacés

Article réservé aux abonnés
La biodiversitédossier
Alors que la course au large bat son plein, des navigateurs comme Kito de Pavant, Fabrice Amedeo ou Roland Jourdain brisent l’omerta sur cette tragédie silencieuse. Les organisateurs des régates, eux, comptent sur la mise en place de zones d’évitement et d’outils technologiques pour protéger les animaux marins.
La plupart des mammifères identifiés dans les collisions étaient des cachalots ou des baleines à bosse. (Reinhard Dirscherl/Ullstein Bild.Getty Images)
par Johanna Beeckman
publié le 7 janvier 2025 à 13h05

Mardi 6 décembre 2016. Il est 9 heures du matin, heure locale, quand un «choc énorme» et mystérieux secoue le voilier de Kito de Pavant, près de l’archipel des Crozet. En lice cette année-là pour le Vendée Globe, le skippeur français ne finira pas le tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. A cause de la collision, il devra abandonner le Bastide Otio dans l’océan Indien. Le marin sera finalement secouru par le navire océanographique français Marion Dufresne, alors en mission dans les Terres australes ; tout juste pourra-t-il emporter avec lui le disque dur de son ordinateur de bord.

Trois mois plus tard, un technicien lui apprend que celui-ci est intact et que les images enregistrées par les caméras du bateau sont exploitables. Sur les plans filmés de l’extérieur, le monocoque heurte un cachalot d’une vingtaine de mètres. Une fraction de seconde plus tard, l’animal s’éloigne, sonné, au milieu des vagues; sorti de son cockpit, le navigateur n’a pas le temps de deviner l’origine de l’accident.

Ces collisions avec les cétacés, connues dans le monde de la voile et de la régate, restent taboues. Alors que