Menu
Libération
Pollution

«Comment peut-on oser faire de telles choses ?» : un millier de litres d’huile de vidange déversé dans une rivière près de Lyon

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
Pendant le week-end du 10 et 11 mai, une cuve contenant «probablement du gasoil» a été déversée dans une rivière au sud de Lyon. Une enquête a été ouverte par la gendarmerie.
Une cuve contenant de l'hydrocarbure a été déversée, lors du week-end du 10 et 11 mai, dans la rivière de Vézérance, dans le Rhône.
publié le 16 mai 2025 à 17h45
(mis à jour le 16 mai 2025 à 18h07)

Plus d’une semaine après les faits, la Vézérance, une rivière au sud de Lyon (Rhône) située sur la commune de Saint-Romain-en-Gal, redevient enfin transparente. L’eau «semble s’éclaircir de nouveau», même «s’il reste du gasoil concentré dans les cavités», explique sur les réseaux sociaux le maire de la commune, Luc Thomas. Pendant des jours, tout n’était que «marée noire». La raison : une cuve d’un millier de litres d’hydrocarbures, «probablement du gasoil» selon l’édile, a été retrouvée en train de se vider dans la rivière, affluent du Rhône, lors du week-end du 10 et 11 mai. Le maire de Saint-Romain-en-Gal, contacté par Libération, dénonce un acte «lamentable» et «inqualifiable».

«Comment peut-on oser faire de telles choses aussi inutiles que stupides ? Ce soir je suis un maire très en colère qui espère que les auteurs seront arrêtés et fortement condamnés», fustige-t-il, tout en ajoutant que cet acte ne peut être que «volontaire».

Les risques de pollution du cours d’eau ont toutefois pu rapidement être contenus, grâce à l’intervention des pompiers, de l’Office français de la biodiversité (OFB), des chasseurs, des agriculteurs ou encore des pêcheurs, rassure le Progrès. Tous ont œuvré de concert pour mettre en place des barrages, absorber le polluant - notamment dans des zones de fortes concentration-, et confiner la pollution. Les bassins de rétention aménagés le long de la rivière ont également permis d’endiguer la propagation de l’hydrocarbure.

Les captages en eau potable à proximité n’ont ainsi pas été endommagés, précise la préfecture du Rhône au Figaro, après saisine de l’Agence régionale de santé (ARS). Les agents de l’OFB continuent cependant à surveiller l’écosystème de la Vézérance, une rivière dite de «première catégorie» qui abrite des espèces protégées de la région. «Il y a en particulier l’écrevisse à pieds blancs, c’est une espèce en voie d’extinction. […] On a beaucoup d’inquiétude aussi pour tous les animaux qui viennent boire dans la rivière, les oiseaux, les mammifères…», s’inquiète donc Christophe Darfeuile, président de l’association Naturama, au micro de BFMTV.

Une «nouvelle opération de protection» sera menée ce week-end sur la Vézérance, précise encore le maire. «Nous allons poser des buvards géants sur l’eau. Ils sont adaptés à ce type de sinistre, et permettent d’absorber le gras sans absorber l’eau», détaille Luc Thomas.

Une enquête a été ouverte

Dans la foulée de cette dégradation qu’il décrit comme «un acte de délinquance inqualifiable», le maire de Saint-Romain-en-Gal a annoncé que «la police de l’eau et la gendarmerie [étaient] déjà à pied d’œuvre pour confondre les auteurs et de nombreux indices [avaient] déjà été prélevés». Une enquête a été ouverte par la gendarmerie d’Ampuis. Un appel à témoins a par ailleurs été lancé pour retrouver d’éventuels témoins ayant aperçu un véhicule transportant une cuve.

Sur X, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a, elle aussi, dénoncé ce vendredi un «acte inacceptable», ajoutant que les auteurs doivent être «identifiés, sanctionnés, et les responsabilités pleinement établies».

Elle a exprimé tout son soutien «au maire et son équipe, ainsi qu’aux habitantes et habitants, qui sont les premières victimes de cette situation». Et Agnès Pannier-Runacher de poursuivre : «Ce geste irresponsable peut avoir des conséquences graves et nous expose à des risques bien réels, tels que la contamination des zones de captage pour l’eau potable ou des eaux d’irrigation et l’asphyxie des écosystèmes aquatiques. Polluer une rivière, c’est mettre en péril l’eau que l’on boit, la terre que l’on cultive et la vie qui nous entoure.»

Mise à jour à 18h05, avec les déclarations du maire