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Biodiversité

En Corse, des scientifiques découvrent par hasard des millions de nids de picarel, poisson au «rôle écologique exceptionnel»

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L’organisme de recherche Andromède Océanologie a rapporté ce mercredi 10 octobre l’observation dans la Méditerranée de nombreux spécimens de cette espèce qualifiée d’«ingénieur de l’écosystème créant des oasis de vie marine».
Les nids de picarels ont été observés entre 37 et 50 mètres de profondeur. (Alexis Rosenfeld /Divergence)
publié le 10 octobre 2024 à 16h54

Une trouvaille qui redonne espoir. Plus de 18 millions de nids d’un poisson nommé picarel, de son nom complet Spicara smaris, ont été décelés le long de la côte est de la Corse, a rapporté le bureau d’études spécialisées Andromède Océanologie mercredi 9 octobre. Ce poisson hermaphrodite de 20 centimètres de long tient un «rôle écologique exceptionnel» en tant qu’«ingénieur de l’écosystème créant des oasis de vie marine» en Méditerranée, explique l’institution.

«C’est vraiment une énorme découverte pour la biodiversité marine en Méditerranée», a salué la directrice scientifique d’Andromède Océanologie, Julie Deter, alors que cette mer est considérée comme la plus polluée du monde par le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Cette découverte, sur le littoral sablonneux de la plaine orientale corse, qui abrite «l’un des herbiers de posidonies les plus vierges de la Méditerranée», a eu lieu «fortuitement en mai 2021 lors d’une vaste campagne axée sur les requins anges». Puis fin septembre, la revue scientifique américaine Current Biology a publié les résultats de l’observation, menée par des scientifiques de l’université de Montpellier et en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, le parc naturel marin du Cap-Corse et Bastia Offshore Fishing.

De «gigantesques colonies de reproduction de picarels», «chacun gardé par un mâle», ont été observées le long des côtes corses, implantées sur «plus de 134,6 hectares entre 37 et 50 mètres de profondeur», ont rapporté les scientifiques. Les fonds marins sont «entièrement reconstruits en nids circulaires jointifs mesurant 55 cm de diamètre» et attirant «une riche macrofaune» venue manger les œufs ou les adultes.

Cependant, face aux prédateurs, la vigilance est de mise. Ces nids «attirent de nombreux prédateurs, y compris des espèces en danger critique d’extinction comme le requin ange», ont alerté les chercheurs d’Andromède. Ces colonies de reproduction «sont bien connues chez les oiseaux de mer», à l’instar des poissons marins. L’organisme appelle ainsi à «une meilleure protection de la zone, au moins pendant la courte saison de reproduction» de quelques semaines au printemps.