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Libération
Fait divers

Côtes-d’Armor : des randonneurs attaqués par des frelons asiatiques, un mort et quatre blessés

Une femme de 77 ans est morte lors d’une balade en forêt près de Dinan après avoir été piquée par un frelon asiatique, une espèce invasive, lundi 23 septembre. Quatre autres personnes ont été prises en charge à l’hôpital.
Les accidents impliquant un hyménoptère représentent chaque année, en France, plusieurs milliers de recours aux urgences et quelques décès. (Miguel Riopa /AFP)
publié le 24 septembre 2024 à 10h23

La randonnée a viré au drame. Une femme est morte et quatre autres personnes ont été blessées, dont une grièvement, après avoir accidentellement réveillé un nid de frelons, lundi 23 septembre, dans les Côtes-d’Armor. C’est lors d’une sortie de marche nordique qui réunissait une vingtaine de membres d’un club de randonnée, à Pleudihen-sur-Rance, un village près de Dinan, que la malheureuse rencontre a eu lieu.

Alors qu’ils circulaient sur un chemin forestier, les randonneurs ont croisé un nid de frelons asiatiques situé dans la souche d’un arbre, au sol, rapporte Ouest France. Ce sont les derniers du groupe qui ont été piqués, dont une femme de 77 ans, habitante de Saint-Malo et décrite comme «sportive et dynamique» par une membre du club. Elle est morte après s’être effondrée à la suite d’une piqûre. Deux infirmières présentes ont entrepris un massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours, sans succès. Sept autres personnes ont été piquées, dont quatre ont dû être transportées à l’hôpital de Dinan.

Nid de frelons détruit

Lundi soir, une personne était toujours à l’hôpital, sous surveillance. Les trois autres randonneurs ont pu regagner leur domicile après leur prise en charge, affirme la préfecture des Côtes-d’Armor. Le maire de la commune a pris un arrêté fermant le sentier aux randonneurs, qui ne devrait pas rouvrir avant quelques jours. Le nid de frelons asiatiques a été identifié au pied d’un arbre puis détruit par le Service départemental d’incendie et de secours. A Saint-Jouan-des-Guérets, où est basé le club de randonnée, une cellule psychologique sera ouverte pour accompagner celles et ceux qui le souhaitent.

Trois jours plus tôt, une autre femme a été piquée au même endroit et avait dû être conduite à l’hôpital, relate France Bleu. «Je suis sortie vers 21 heures avec un traitement à la cortisone. J’ai une dizaine de piqûres sur le crâne, et aussi sur les épaules, les fesses, les jambes, un pied. Malgré mon jean, il y en a même sur des parties plus intimes. Mon corps me démange partout et j’ai encore mal à la tête», témoigne-t-elle. Elle assure aussi avoir posté un message sur le groupe Facebook privé de son village pour alerter ses voisins mais regrette de ne pas avoir réussi à contacter la mairie, fermée samedi, après sa sortie des urgences.

Selon la préfecture de la Haute-Vienne, qui a dédié une foire aux questions à propos de cet insecte sur son site, «le venin du frelon asiatique n’a rien de particulièrement toxique». Les piqûres causent généralement une simple réaction locale (enflure, démangeaison) qui n’est pas dangereuse sauf en cas de piqûres multiples ou à des endroits sensibles du corps, comme les yeux. En revanche, tout comme les piqûres de guêpes, l’hypersensibilité au venin chez une personne allergique «peut entraîner l’obstruction des voies aériennes supérieures et /ou de fortes réactions allergiques et /ou de forte réaction en cas de piqûres multiples».

Plusieurs milliers de recours aux urgences

Alexandra Lecomte, chargée de mission sur le plan de lutte contre les espèces invasives à Dinan Agglomération, explique à Ouest-France, que «passer trop près d’un nid peut amener les hyménoptères [abeille, bourdon, frelon, guêpe, ndlr] à être agités. On considère qu’un périmètre de 3 ou 4 mètres autour d’un nid peut être dangereux, car ils sont sensibles aux vibrations». Des passages répétés, par des marcheurs par exemple, peuvent donc être perçus comme un danger par ces insectes. De plus, un seul individu peut piquer plusieurs fois, contrairement à l’abeille, rappelle la spécialiste. «Les frelons sont également beaucoup plus nombreux dans leur nid, jusqu’à 4 000 individus», explique-t-elle.

Les accidents impliquant un hyménoptère représentent chaque année, en France, plusieurs milliers de recours aux urgences et quelques décès, rapporte l’Institut de veille sanitaire. La prévalence de l’anaphylaxie liée à ces insectes, c’est-à-dire la manifestation la plus sévère de l’allergie, est estimée entre 1 et 5 % dans la population. Selon une étude américaine, la mortalité par contact avec un hyménoptère a augmenté depuis soixante ans et représenterait actuellement 28 % des décès dus à un animal entre 1999 et 2007.

Mise à jour : à 11 h 05 avec le témoignage de la première victime.