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Un petit matin d’automne dans le village de Bialowieza. Dans la rue principale, l’éclairage blafard des lampadaires laisse apparaître les coquettes maisons en bois si typiques de Podlachie, cette région de Pologne orientale à la frontière bélarusse. A l’angle d’une église orthodoxe en pierres rouges, aux abords de l’Institut de biologie des mammifères, des phares percent l’obscurité. Une voiture estampillée d’une tête de bison s’approche. A bord, le chercheur Rafal Kowalczyk et, au volant, Tomasz Kamiński, son collègue. On monte dans la berline qui sort du village et longe, à faible vitesse, les prés qui bordent les bois. Manifestement, Rafal Kowalczyk est un habitué de ce genre d’expéditions matinales. «Ce n’est pas un problème de se réveiller à 3 ou 4 heures, d’autant plus qu’au petit matin, c’est magnifique.» On le croit sans peine au vu du décor qui se dévoile timidement à mesure que le soleil se lève. L’épais brouillard enveloppant la forêt prend peu à peu une teinte orangée.
Rafal Kowalczyk balaie les environs du regard. Soudain, dans une prairie, au milieu des meules de foin laissées par des fermiers, une silhouette se détache de la brume. «Vous le voyez, là-bas ? C’est un mâle, chuchote-t-il. Les femelles ont généralement des cornes moins imposantes. Peut-être qu’un troupeau r